Autrui une autre conscience diffĂ©rente de la notre. "Alter ego"= autre moi. "Autrui c'est un autre moi qui n'est pas moi" J-P SARTRE. Devoir: obligations que l'on se donne ou que l'on reçoit correspondant Ă  des commandements (Devoirs sociaux et devoirs moraux) -> Le devoir moral Ă©mane des conventions sociales, des coutumes,des lois. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID wKv0Au0M89vr7RDs3j5O7x69fqssy0sMZknxcSWS8AXh9GF3hG_Z_g== Quelquesaides Ă  la dissertations: - N'avons-nous des devoirs qu'envers autrui?Bac philo 2006 - Peut-on vraiment dĂ©sirer autrui? - Peut-on aimer sans s'aimer soi-mĂȘme? - L'amitiĂ© est-elle une forme privilĂ©giĂ©e de la connaissance d'autrui? - Peut-on ĂȘtre garant d'autrui? - Peut on avoir des exigences Ă  l'Ă©gard d'autrui?
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Danscertaines circonstances, c’est mĂȘme un devoir de vertu [envers autrui] nous avons montrĂ© qu’il est raisonnable de considĂ©rer que la dignitĂ© « juridique » ne peut ĂȘtre un principe ultime, mais doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une exigence Ă©thique. La dignitĂ© apparaĂźt alors comme un principe matriciel. Entendu comme tel, le principe de dignitĂ© en droit a toute sa place. Il
-Dissertation pour le 18/12 N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?- Si nous nous en tenons aux faits, on peut douter d'une conscience moral, car on se heurte a la mĂ©chancetĂ© humaine. Pour vivre ensemble les hommes ont besoins d'une morale, et donc de devoirs. Mais l'homme ne fait ses devoirs que par intĂ©rĂȘts. D'aprĂšs Kant, il est possible d'accomplir son devoir, pour cela il faut distinguer l'ĂȘtre te le devoir ĂȘtre. Le devoir est un impĂ©ratif catĂ©gorique qui impose Ă  l'homme d'accomplir ce qui est prescrit en vertu d'une obligation qui peut-ĂȘtre religieuse, Ă©thique, sociale, etc .... Faire son devoir c'est ĂȘtre libre. N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ? Nous verrons tout d'abord, les devoirs que nous avons pour nous mĂȘme, puis les devoirs que nous avons envers autrui et enfin nous verrons les devoirs que nous avons envers la sociĂ©tĂ©. I-Devoirs envers nous mĂȘme L'homme est libre, il s'appartient donc. Mais il a quand mĂȘme des devoirs envers lui-mĂȘme. Ce n'est pas parce que l'homme est libre qu'il a tout pouvoir sur lui. Il ne peut dĂ©grader ni sa libertĂ© ni son intelligence. Soumettre la libertĂ© a la passion au lieu de l'accroitre avec le devoir, c'est compromettre ce qui mĂ©rite le respect. L'homme n'est pas une chose, il ne lui est donc pas permis de se traiter comme tel. Les devoirs envers moi-mĂȘme ne sont pas des devoirs envers moi en temps qu'individu, mais envers ce qui fait de moi une personne morale l'intelligence, la libertĂ©. L'individu est designer par toutes ses caractĂ©ristiques alors que la personne morale est reprĂ©sentative de l'humanitĂ©. L'homme peut donc laisser cour a ses gouts et a ses fantaisies, tant que le bien et le mal ne sont pas engager. Mais si un acte touche la personne morale, la libertĂ© est alors soumise Ă  la raison. Par exemple, si par caprice, ou par mĂ©lancolie, ou par tout autre motif, on se condamne Ă  une abstinence trop prolongĂ©e, si on s'impose des insomnies continues, si on renonce absolument Ă  tout pl... crĂ©er des dangers inutiles. La prudence est le gouvernement de la libertĂ© par la raison. Par exemple si on traverse une route sans regarder, on se crĂ©er un danger inutile, on met sa vie en danger et on est nĂ©gligent. La prudence aurait permis d’éviter ce danger. Nous avons le devoir de dire la vĂ©ritĂ©. Le mensonge est indigne, il faut donc ĂȘtre sincĂšre et franc. Le corps est liĂ© Ă  l’esprit. Il ne faut pas lui refuser tout ce qu’il demande ni assouvir toute ces demandes. Car c’est affaiblir l’esprit Ă  travers le corps. Par exemple donner une abondance de nourriture a son corps, peut compromettre la santĂ©. Et ce n’est donc pas se respecter. Mais il ne suffi pas de maintenir la personne morale, il faut l’amĂ©liorer. L’homme doit dĂ©velopper sa volontĂ© et s’exercĂ© constamment. C’est par l’éducation de lui- mĂȘme que l’homme est grand. L’homme doit donc se prĂ©occuper de son intelligence en prioritĂ©. Car c’est l’intelligence qui nous permet de discernĂ© le bien du mal, et la vĂ©ritĂ© du mensonge. On ne peut pas changer l’esprit qu’on a au dĂ©part mais on peut le fortifier, en l’exerçant. La paresse est nuisible a l’esprit il ne faut pas le laisser sans rien faire. Il faut aussi entrainer ca libertĂ©, en rĂ©sistant a ses tentations par exemple ou en ne fuyant pas aux luttes. C’est ce qui permet Ă  notre libertĂ© de grandir. Tant que l’homme conserve son intelligence et ses libertĂ©s, l’homme aura toujours la notion de bien et c’elle du devoir avec. L’homme a donc des devoirs envers lui-mĂȘme, mais ce ne sont pas les seuls devoirs qu’il a. II-Devoirs envers autrui L’homme dĂ©pend toujours des autres hommes. C’est pourquoi le premier devoir est de ne pas faire de mal aux autres. Plus gĂ©nĂ©ralement, les devoirs visent Ă  ce que chaque homme contribue autant qu’il le peut au bonheur d’autrui . Nous devons la vĂ©ritĂ© aux autres comme je me la dois Ă  moi-mĂȘme, car la vĂ©ritĂ© est la loi de la raison. La vĂ©ritĂ© est le bien propre de l’intelligence, et c’est donc un devoir de respecter le dĂ©veloppement de l’esprit, de ne pas arrĂȘter et mĂȘme de favoriser sa marche vers la vĂ©ritĂ©. Nous devons aussi respecter la libertĂ© d’autrui. Je n’ai pas le droit d’empĂȘcher l’autre de faire une faute. La libertĂ© est si sainte que, mĂȘme lorsqu’elle s’éloigne du bon chemin, elle mĂ©rite encore d’ĂȘtre prĂ©servĂ©e. Nous devons respecter les affections des autres. Et de toutes les affections il n’y en a pas de plus saintes que celles de la famille. L’amour des hommes est quelque chose de bien gĂ©nĂ©ral. La famille, c’est presque encore l’individu et ce n’est pas seulement l’individu elle ne nous demande que d’aimer autant que nous-mĂȘmes ce qui est presque nous-mĂȘmes. Elle attache les uns aux autres par des liens doux et puissants, le pĂšre, la mĂšre, le frĂšre, la sƓur. Elle donne Ă  ceux-ci un secours assurĂ© dans l’amour de ses parents, Ă  ceux-lĂ  un espoir, une joie, une vie nouvelle dans leurs enfants. Attenter au droit conjugal ou paternel, c’est attenter Ă  la personne dans ce qu’elle a de plus prĂ©cieux.. »

Cest justement pour cette raison que nous avons choisi aujourd'hui de vous rappeler un Hadith en rapport avec les rĂšgles d'al mou'Ăącharah et qui rappelle trois devoirs trĂšs importants que nous avons envers autrui.

Cogito,entraide et Ă©changes sur la philomĂ©thodes de devoirs,sujets-corrigĂ©s, dossiers thĂ©matiques, travaux d'Ă©lĂšves, expos, conseils de lecture... Sujets similaires» Peut-on comprendre autrui ? » les valeurs, les relations avec autrui Le Deal du moment -35% KRUPS Essential – Machine Ă  cafĂ© ... Voir le deal 299 € Cogito,entraide et Ă©changes sur la philo DEVOIRS METHODE, SUJETS, CORRIGES ARCHIVES SUJETS ET CORRECTIONS bac 2006 conseils, sujets les sujets de dissert AuteurMessageN. Vauthier AdminAdminNombre de messages 397Date d'inscription 19/09/2005Sujet N'avons-nous des devoirs qu'envers autrui ? Jeu 22 Juin - 310 Si le nom d'Emmanuel Kant vous dit qqchose, tant mieux, sinon mieux valait peut-ĂȘtre choisir un autre sujet !!Ce cher Kant nous dit en effet que le respect est dĂ» Ă  la personne humaine quelle qu'elle soit, cĂ d aussi bien l'autre que l'idĂ©e d'un respect inconditionnĂ©. Voir la distinction impĂ©ratif catĂ©gorique-impĂ©ratif hypothĂ©tique Que vaut un respect conditionnĂ© ?Voir aussi dans le Livre I du Contrat social, lorsque Rousseau explique pourquoi l'homme ne peut pas renoncer Ă  sa libertĂ© "sans renoncer Ă  sa qualitĂ© d'homme". Aussi ne peut-il pas se vendre Ă  aussi Ă  Sartre mon action engage l'humanitĂ© toute entiĂšre et pas seulement moi-mĂȘme ...N'aurions-nous donc aucun devoir envers nous-mĂȘmes ? pourrions-nous nous traiter nous-mĂȘmes comme des objets ? nous donner ? nous louer ? nous vendre ?Voir les articles que j'ai rĂ©digĂ© sur ce forum sur les problĂšmes liĂ©s Ă  la bioĂ©thique, au don d'organe par exemple entre justice et respect.sujet trĂšs intĂ©ressant, beaucoup de possibilitĂ©s ... N'avons-nous des devoirs qu'envers autrui ? Page 1 sur 1 Sujets similaires» Devoirs mars T STG» La culture nous humanise-t-elle ? L EsPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumCogito,entraide et Ă©changes sur la philo DEVOIRS METHODE, SUJETS, CORRIGES ARCHIVES SUJETS ET CORRECTIONS bac 2006 conseils, sujets les sujets de dissertSauter vers 1Lasagesse des nations semble couramment tenir le devoir comme l’ombre du droit, et son pĂ©nible, quoique inĂ©vitable, envers.On rĂ©pĂšte donc souvent que, toute chose ayant son prix, il n’est point de privilĂšge qui n’implique des responsabilitĂ©s. Aussi nous faut-il payer Ă  la licence le prix de la nĂ©cessitĂ©, ou plus trivialement mesurer nos plaisirs Ă  l’aune de nos contraintes.
N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ? I - L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET Ce sujet, classique, est plus riche qu'il n'y paraĂźt. Ne vous contentez pas des deux notions Ă©videntes, de devoir et d'autrui. Partez de leur analyse, mais un traitement complet du sujet convoquera Ă©galement les notions de sujet, conscience, morale, voire religion, histoire, vĂ©ritĂ©, vivant, libertĂ©, politique. Plus largement, il fait appel Ă  vos rĂ©flexions de citoyen, voire de citoyen du monde. Un devoir est ce que le sujet humain se sent obligĂ© de faire, ce sans la rĂ©alisation de quoi le sujet se considĂ©rerait comme en dessous de lui-mĂȘme. Le devoir est donc liĂ© Ă  une rĂ©flexion du sujet sur lui-mĂȘme et son action, Ă  sa volontĂ© rĂ©flĂ©chie par opposition au dĂ©sir qui serait une volontĂ© irrĂ©flĂ©chie, une tendance spontanĂ©e, une pulsion vers un objet. Autrui, c'est un alter ego, un autre moi-mĂȘme. Il est face Ă  moi comme un objet, mais il se prĂ©sente comme semblable Ă  moi. De plus, il est singulier, je peux l'aimer ou le haĂŻr, le dĂ©sirer, vouloir le possĂ©der. Il se distingue ainsi des autres en gĂ©nĂ©ral, de la sociĂ©tĂ©. II - LA PROBLEMATIQUE La problĂ©matique dĂ©coule de l'analyse. En effet, il semble Ă©vident que nous avons des devoirs envers autrui je peux le dĂ©sirer comme un objet quelconque, mais la rĂ©flexion me pousse Ă  le considĂ©rer comme un autre moi-mĂȘme, comme un sujet libre et agissant, qui arrĂȘte mon dĂ©sir aveugle et m'ouvre les yeux sur le monde qui m'entoure. Mais le sujet suggĂšre que nous pourrions avoir des devoirs envers d'autres "choses". Mais lesquelles ? Des objets thĂ©oriques nous pensons aux autres en gĂ©nĂ©ral, Ă  la sociĂ©tĂ©, Ă  l'Etat, voire aux animaux. Mais sur quels critĂšres arrĂȘter notre dĂ©sir de possession si le regard d'autrui dans sa singularitĂ© ne nous arrĂȘte pas ? Des objets "pratiques", liĂ©s Ă  notre rĂ©flexion sur notre action la libertĂ©, la vĂ©ritĂ© supposent qu'on sacrifie certains de nos dĂ©sirs pour ĂȘtre Ă  la hauteur d'un idĂ©al. Mais cet idĂ©al n'est-il pas notre idĂ©al ? Si autrui se distingue de moi, n'ai-je pas aussi des devoirs envers moi mĂȘme ? III - LES PISTES DE REFLEXION Vous auriez pu penser Ă  ● Le sujet humain se caractĂ©rise par une rĂ©flexion sur lui-mĂȘme. Il est douĂ© d'une subjectivitĂ©. "Je me pense", je suis donc Ă  la fois sujet et objet de ma pensĂ©e. Le je et le moi introduisent l'altĂ©ritĂ© au coeur du sujet, et donc une sĂ©rie de questionnements suis-je Ă  la hauteur de ce que je veux ĂȘtre ? Le je rĂ©flĂ©chissant doit sacrifier certains dĂ©sirs du moi pour atteindre un idĂ©al du moi. Les notions d'effort, de travail sur soi introduisent la dimension de l'effort au coeur du rapport sur soi. ● La notion de devoir est donc liĂ©e Ă  un ordre idĂ©al que l'on essaye d'atteindre. Cela explique le respect de l'Etat, d'une religion, des institutions. Le sujet, Ă  la rĂ©flexion, pense qu'il ne peut se rĂ©aliser qu'en respectant un ordre idĂ©al. Il faut ici bien distinguer devoir et contrainte. On est contraint par force, on se sent obligĂ© par un devoir. C'est une loi que l'on se fixe Ă  soi-mĂȘme auto-nomie, cf. Kant. Avoir un devoir envers autrui signifie que l'on a conscience qu'une vie humaine, pour autrui et pour soi, n'est possible que parmi d'autres hommes, parmi des semblables. Par le devoir, nous ne sommes plus "Ă©gocentriques", nous accĂ©dons au sens d'un monde qui nous dĂ©passe et qui donne sens Ă  notre existence. ● Par la notion de devoir, notre action s'inscrit au-delĂ  de notre existence finie. D'oĂč le respect du passĂ©, de l'histoire nous respectons ce dont nous provenons. Pourquoi respecter ce qui n'est plus ? Nous inscrivons notre action dans un temps large qui lui donne sens. De mĂȘme, respecter la nature, les animaux, est-ce en faire des personnes ? Est-ce les assimiler Ă  autrui, rĂ©flĂ©chissant et singulier ? N'est-ce pas plutĂŽt penser aux gĂ©nĂ©rations humaines futures, donc inscrire notre action dans le temps ? Les devoirs rendus aux morts, le frein mis Ă  notre dĂ©sir de possession de la nature procĂšdent donc du respect de soi. IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT A - Respecter autrui, c'est se respecter soi-meme Se sentir obligĂ© envers autrui, c'est prendre conscience que notre existence ne prend sens qu'au milieu de semblables. Nous ne sommes rien sans autrui. B - Les devoirs envers soi-meme se traduisent par des devoirs envers des institutions qui incarnent un ordre donnant sens a notre existence Les devoirs envers l'Etat, la sociĂ©tĂ©, les institutions nous permettent d'inscrire notre action dans une rĂ©alitĂ© durable. C - En derniere instance, les devoirs nous ramenent au respect d'autrui Respect signifie Ă©tymologiquement regard. Le dĂ©sir est aveugle. Le devoir consiste Ă  arrĂȘter le mouvement vertigineux pour considĂ©rer autrui. Autrui me regarde, je ne suis plus seul. Ma conscience me juge. Je ne suis plus d'un bloc. Conclusion "Je est un autre" Rimbaud. Le sens du devoir, voilĂ  ce qui Ă©tait en jeu dans ce sujet je ne suis humain que si j'accepte d'ĂȘtre regardĂ©, et d'inscrire mon action dans un champ collectif. Je ne suis plus innocent. Je suis conscience de moi-mĂȘme.
Moncorps et moi - n'ai-je de devoirs qu'envers autrui ? (BrochĂ©) achat en ligne au meilleur prix sur E.Leclerc. Retrait gratuit dans + de 700 magasins (BrochĂ©) achat N’avons-nous de devoir qu’envers autrui ? Introduction Avoir des devoirs » est une expression courante qui implique la prĂ©sence d’un sujet Ă  l’égard duquel nous sommes engagĂ©s. Il est frĂ©quent de penser que nos obligations ont pour destinataire autrui, notre semblable. Cette idĂ©e commune est sensĂ©e. La vie sociale implique des relations qui ne peuvent fonctionner qu’à la condition d’ĂȘtreorganisĂ©es par des lois et intĂ©riorisĂ©es par chacun sous la forme de devoirs. Être honnĂȘte, ĂȘtre respectueux, sont des valeurs reconnues pour justes. Est-ce lĂ  la totalitĂ© de nos devoirs ? Nous parlon aussi de devoirs envers Dieu, l’Etat, et parfois mĂȘme les animaux et la nature. Y a-t-il un caractĂšre commun Ă  ces divers exemples ? Enfin, le devoir semble avoir une valeur rĂ©flexive au sens oĂč ils’adresse aussi Ă  nousmĂȘmes. Ce point peut paraĂźtre curieux car il signifie que nous nous devons quelque chose. N’est-ce pas abusif et dangereux pour notre libertĂ© ? Pouvons-nous cependant sĂ©parer autrui de ce que nous sommes, si l’autrui est l’ autre moi » ? 1. Aux sources du devoir a La dette Devoir » vient du verbe latin debere qui signifie avoir une dette ». Dans ses Ă©tudes sur le droitancien, Louis Gernet nous apprends que le devoir, debitum, dĂ©signait la satisfaction que le dĂ©biteur Ă©tait tenu de fournir Ă  son crĂ©ancier. Avoir des devoirs serait donc ĂȘtre endettĂ©, et faire son devoir, honorer sa dette. Lorsque je suis redevable Ă  quelqu’un, il dispose ainsi d’un droit sur moi, et je suis son obligĂ©. L’obligation est la marque d’une dĂ©pendance reconnue. Je suis tenu de fairequelque chose envers une autre personne, Ă©tant donnĂ© une situation antĂ©rieure. Gernet indique aussi que c’est le premier sens de l’engagement. Si l’époque moderne nous a habituĂ© Ă  le concevoir, avec Sartre, comme l’action d’une libertĂ© qui dĂ©cide souverainement d’orienter son existence, il faut savoir qu’à l’origine, ce terme dĂ©signait l’état de celui qui doit acquitter le prix de sa dette. Ilarrivait mĂȘme que l’on fĂ»t rĂ©duit Ă  l’esclavage faute de n’avoir pu payer ce que l’on devait. On engageait jusqu’à sa libertĂ©. b Obligation et contrainte Ce passage par les sources archaĂŻques du devoir peut d’abord expliquer que l’opinion confonde si souvent l’obligation et la contrainte. Le cas de l’esclavage est assez parlant. Il importe cependant de faire des distinctions conceptuelles. Lacontrainte dĂ©signe l’action d’une force non reconnue par notre volontĂ©. Rousseau, dans le Contrat social, l’illustre par l’exemple d’un brigand me menaçant de son pistolet. Si je lui cĂšde en lui donnant mon argent, les mobiles de mon acte seront la crainte et la prudence. Ce ne sera donc pas un devoir. Rousseau distingue aussi nettement deux façons d’obĂ©ir. L’obligation est une maniĂšre d’obĂ©ir fondĂ©esur le sentiment que la chose doit ĂȘtre faite parce qu’elle est juste. Je me sens en conscience » tenu d’accomplir ce qui est demandĂ©. Nous retrouvons l’idĂ©e d’un dĂ» Ă  acquitter. Par exemple, aller voir un parent ĂągĂ© est devenu dĂ©sagrĂ©able, mais aussi un devoir. Nous savons que nous lui devons cette visite compte tenu de ce qu’il a fait pour nous autrefois. Que cela ne nous plaise pas n’est pasune raison suffisante pour assimiler cette obligation Ă  la menace d’un malfaiteur ou d’un plus fort qui nous intimide. Le devoir n’a pas pour fondement l’agrĂ©able mais le bien. Ces points sont fondamentaux car ils expliquent pourquoi on parle de devoirs civiquesou religieux. Un croyant pense tenir sa vie de Dieu. Il est donc juste qu’il l’honore et obĂ©isse Ă  ses commandements. Un citoyen est lemembre d’un Etat qui lui assure ses droits. Il doit donc respecter ses lois. [ Transition ] Nous avons distinguĂ© la contrainte de l’obligation, mais pourquoi donnĂ© une place particuliĂšre Ă  autrui ? 2. Quel visage pour autrui ? a L’associĂ© Il est temps de prĂ©ciser la figure d’autrui. Nous avons dit qu’il s’agit du semblable. Cette figure unit les dĂ©terminations du mĂȘme et de l’autre. Autrui


Dansce court sermon, le ProphĂšte Mouhammad (sallallĂąhou ‘alayhi wa sallam) met en garde ses interlocuteurs contre trois actes trĂšs graves. Durant le laps de temps trĂšs limitĂ© dont nous disposons, nous ne pourrons nous Ă©tendre que la premiĂšre mise en garde prophĂ©tique, Ă  savoir l’interdiction de causer du tort aux musulmans. [1]

RĂ©sumĂ© du document Le devoir peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une obligation et doit ĂȘtre mis au profit de ma libertĂ©. Ainsi, pourquoi avons-nous des devoirs envers autrui ? Autrui est une personne au mĂȘme titre que moi, avec les mĂȘmes besoins, les mĂȘmes sentiments, la mĂȘme libertĂ©... DĂšs lors, si autrui dispose de la mĂȘme libertĂ© que moi, je me dois de le respecter comme je respecte ma libertĂ©. Autrui est mon semblable, mon alter Ă©go, et c'est l'une des raisons principales des devoirs que j'ai envers autrui ... Sommaire IntroductionI Des devoirs qu'envers autruiA. Autrui, mon semblableB. Les animauxC. L'homme en tant que lui-mĂȘmeII Les devoirs envers soi-mĂȘmeA. Des devoirs de personneB. Une sincĂ©ritĂ© envers moi-mĂȘmeC. La recherche du bonheur est un devoirIII L'humanitĂ© est la cause du devoirA. Respecter l'humanitĂ©B. Respecter nos ancĂȘtresConclusion Extraits [...] Dissertation N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ? 1. Des devoirs qu'envers autrui A. Autrui, mon semblable Le devoir peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une obligation et doit ĂȘtre mis au profit de ma libertĂ©. Ainsi, pourquoi avons-nous des devoirs envers autrui ? Autrui est une personne au mĂȘme titre que moi, avec les mĂȘmes besoins, les mĂȘmes sentiments, la mĂȘme libertĂ© DĂšs lors, si autrui dispose de la mĂȘme libertĂ© que moi, je me dois de le respecter comme je respecte ma libertĂ©. [...] [...] Nous nous devons de respecter l'humanitĂ©, cela est un fait. Ainsi, l'homme porte l'humanitĂ© en lui et le respect qu'il a de lui-mĂȘme se porte Ă  l'humanitĂ© entiĂšre. B. Respecter nos ancĂȘtres Comme le dit les Dix commandements Tu respecteras, ton pĂšre, ta mĂšre et tes ancĂȘtres Nos ancĂȘtres fait ce que nous sommes aujourd'hui. Ainsi, on doit s'intĂ©resser aux actes de nos ancĂȘtres et donc se cultiver sur les habitudes, leurs histoires Le devoir de connaissances sur nos ancĂȘtres est important pour nous connaitre nous-mĂȘmes. [...] [...] Certes, je suis libre de le maltraiter ou de me suicider mais je dispose d'une certaine morale qu'il faut mettre Ă  profit dans certaine condition. Ainsi, les devoirs envers autrui concernent aussi ma propre personne. B. Une sincĂ©ritĂ© envers moi-mĂȘme DĂšs lors, le devoir ne doit pas s'arrĂȘter lĂ . Je respecte autrui mais je me dois aussi d'ĂȘtre morale dans mes intentions. Ainsi, grĂące Ă  mes intentions morales, je suis apte Ă  respecter autrui et moi-mĂȘme comme il se doit. Comme le montre Kant, je me dois de me respecter et d'agir par devoir. [...]
Elleconsiste Ă  affirmer que si nous avons des devoirs envers les autres, nous n'en avons aucun envers nous-mĂȘmes. Le rapport Ă  soi se trouve ainsi exclu du champ de la rĂ©flexion Ă©thique. Son unique rĂ©gulation est la suivante : chacun est libre de faire ce qu'il veut de son existence et de son propre corps, du moment qu'il ne nuit pas aux autres.
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autrui dans l'hypothĂšse d7un individu absolument isolĂ©, et nul devoir envers les autres n'existerait si nous n'avions des devoirs envers nous-mĂȘmes. Si je n'avais Ă  respecter quelque chose en moi, qu'aurais-je Ă  respecter dans les autres ? Les devoirs envers autrui ont donc leur racine dans devoirs envers nous-mĂȘmes ou, en d'autres
De toutes les violences, les violences envers les enfants sont certainement les plus cachĂ©es. La loi du silence y rĂšgne en maĂźtre. Et c'est particuliĂšrement vrai pour les maltraitances, c'est Ă  dire les violences subies par des enfants alors qu'ils sont Ă  la garde d'une personne de confiance ou dont ils dĂ©pendent, comme un parent, un frĂšre ou une soeur plus ĂągĂ©, un autre membre de la famille, une nourrice, un baby-sitter, ou par une personne ayant une autoritĂ© sur l'enfant enseignant, Ă©ducateur, personnel soignant, prĂȘtre, etc., et parfois mĂȘme par des personnes travaillant dans une structure sociale censĂ©e protĂ©ger les enfants d'un tel danger institution, famille d'accueil, etc.. Selon l'Article 19 de la Convention Internationale des droits de l'enfant 20 novembre 1989, la maltraitance renvoie Ă  " toute forme de violences, d'atteintes ou de brutalitĂ©s physiques et mentales, d'abandon ou de nĂ©gligences, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle". En France pour l'ODAS Observatoire DĂ©centralisĂ©e de l'Action Sociale l'enfant maltraitĂ© est celui qui est " victime de violences physiques, cruautĂ© mentale, abus sexuels, nĂ©gligences lourdes ayant des consĂ©quences graves sur son dĂ©veloppement physique et psychologique. " L'ODAS distingue, depuis 1993, les enfants Ă  risque et les enfants Ă  risque est celui qui connaĂźt des conditions d'existence qui risquent de mettre en danger sa santĂ©, sa sĂ©curitĂ©, sa moralitĂ©, son Ă©ducation, ou son entretien, mais qui n'est pour autant pas maltraitĂ©. Les enfants en danger comprennent l'ensemble des enfants en risque et des enfants maltraitĂ©s. Pour la loi, les violences envers les enfants qu'elles soient physiques ou sexuelles ont de nombreuses circonstances aggravantes, violences sur mineurs de 15 ans, par ascendants lĂ©gitime, naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autoritĂ© sur le mineur. Et l'enfant en danger doit ĂȘtre protĂ©gĂ© par les adultes qui ont connaissance ou qui suspectent des situations Ă  risque ou des violences que l'enfant pourrait subir. La loi impose aux citoyens et aux professionnels de signaler les enfants en danger et ce jusqu'Ă  18 ans art 434-1 et 434-3, art 226-13 sur la levĂ©e du secret professionnel. La prĂ©vention des violences faites aux enfants est un devoir pour tout professionnel prenant en charge des enfants ou des parents En France selon l'ODAS 2006 chiffres qui proviennent des signalement forcĂ©ment trĂšs sous-estimĂ©s 98000 enfants en danger dont 19000 maltraitĂ©s victimes de violence physiques, sexuelles, psychologiques, de nĂ©gligences lourdes ayant des consĂ©quences graves sur son dĂ©veloppement physique et neurologique et 79000 en risque sur les 19000 enfants maltraitĂ©s 31% de violences physiques, 24% de violences sexuelles, 19% de violences psychologiques, 26% de nĂ©gligences famille est le lieu oĂč s'exercent la grande majoritĂ© des violences envers les enfants et la quasi totalitĂ© des homicides d'enfants. Selon les statistiques de l'OND en 2010 du 119 le numĂ©ro d'appel pour les enfants en danger les auteurs des violences sont trĂšs majoritairement les parents, les pĂšres pour les violences sexuelles 81,6% des auteurs, les mĂšres pour les nĂ©gligences graves et les conditions d'Ă©ducation dĂ©faillantes en sachant que les enfants sont le plus souvent avec leur mĂšre, et les violences graves sont Ă©galement partagĂ©es. En toute impunitĂ©, la famille peut se rĂ©vĂ©ler comme une des pires zones de non-droit, et se transformer en un vĂ©ritable systĂšme totalitaire oĂč tous les droits fondamentaux des enfants peuvent ĂȘtre bafouĂ©s, oĂč il est possible de commettre des crimes et des dĂ©lits inconcevables sur des personnes sans dĂ©fense, totalement dĂ©pendantes, et privĂ©es de libertĂ©. L'enfant est encore trop souvent considĂ©rĂ© comme la propriĂ©tĂ© de ses parents auxquels il doit respect et obĂ©issance quoi qu'il arrive le cinquiĂšme commandement de la Bible "tu honoreras ton pĂšre et ta mĂšre, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne." Exode, 20,12 et, jusqu'au 5 mars 2002, l'article 371-1 du code civil sur l'autoritĂ© parentale commençait en stipulant "L'enfant, Ă  tout Ăąge, doit honneur et respect Ă  ses pĂšre et mĂšre", il a Ă©tĂ© rĂ©cemment modifiĂ© et commence maintenant par "L'autoritĂ© parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalitĂ© l'intĂ©rĂȘt de l'enfant.", et l'article 371-1 prĂ©cise que cette autoritĂ© parentale "appartient aux pĂšre et mĂšre jusqu'Ă  la majoritĂ© ou l'Ă©mancipation de l'enfant pour le protĂ©ger dans sa sĂ©curitĂ©, sa santĂ© et sa moralitĂ©, pour assurer son Ă©ducation et permettre son dĂ©veloppement, dans le respect dĂ» Ă  sa personne. Les parents associent l'enfant aux dĂ©cisions qui le concernent, selon son Ăąge et son degrĂ© de maturitĂ©." Cela se traduit dans le langage courant par des expressions qui mettent en scĂšne plus une notion de possession - " combien avez-vous d'enfants ? " - que de responsabilitĂ© -" de combien d'enfants ĂȘtes-vous parent ? ". Les parents maltraitants sont dans l'ensemble protĂ©gĂ©s au nom d'un sacro-saint respect de la famille et des liens parents-enfants, de mĂȘme quand l'enfant est exposĂ© Ă  de graves violences conjugales, on considĂšre encore trop souvent qu'un parent violent avec son conjoint - le plus souvent le pĂšre - peut ĂȘtre malgrĂ© tout un bon parent mĂȘme s'il terrorise et traumatise durablement l'enfant, Ă  partir du moment oĂč il n'exerce pas de violences physiques directes sur l'enfant. Et dans un retournement pervers, des juges Juges des Enfants, Juges aux Affaires Familiales peuvent tenir des propos sidĂ©rants - je les ai entendus Ă  plusieurs reprises lors de colloques auxquels ils participaient - tels que "si la mĂšre n'est pas capable d'assurer sa protection, alors elle met l'enfant en danger et il faut le lui retirer et les placer." Dans les affaires de violences intra-familiales, particuliĂšrement quand il y a sĂ©paration et procĂ©dure de divorce, la parole de l'enfant est trĂšs peu prise en compte, elle est mĂȘme souvent disqualifiĂ©e sous le prĂ©texte que cette parole serait aliĂ©nĂ©e par le parent allĂ©guant des violences, la justice en France aimant se rĂ©fĂ©rer au "syndrome d'aliĂ©nation parentale" qui n'a jamais reçu de validation scientifique. Ce syndrome a Ă©tĂ© inventĂ© par un psychiatre amĂ©ricain, Richard Gardner, qui dans ses ouvrages fait l'apologie de la "pĂ©dophilie". Richard Gardner y Ă©crit que la "pĂ©dophilie" ne serait nuisible aux enfants que parce qu'elle est stigmatisĂ©e par la sociĂ©tĂ© !TrĂšs frĂ©quemment, devant un enfant en grande souffrance qui prĂ©sente des troubles des conduites mises en danger, auto-mutilation, conduites Ă  risque, fugue, alcoolisation, toxicomanie, petite dĂ©linquance, etc., les adultes censĂ©s le prendre en charge auront recours Ă  des discours moralisateurs et culpabilisants " tu ne dois pas te conduire comme cela
, regarde la peine ou au choix la honte, la que tu fais Ă  tes parents
, qui font tout pour toi
 ", discours rappelant sans cesse aux enfants leurs devoirs et oublieux de leurs droits. Et dans l'ensemble la petite dĂ©linquance et les incivilitĂ©s des adolescents font bien plus l'objet de rĂ©ponses judiciaires que les violences graves que les adultes exercent en tant que parents. La dĂ©linquance des jeunes mineurs est souvent trĂšs mĂ©diatisĂ©es et dramatisĂ©e. Les jeunes sont stigmatisĂ©s pour leurs troubles du comportements et leurs conduites Ă  risques. Pourtant les chiffres de la protection judiciaire de la jeunesse le dĂ©montre les enfants et les adolescents subissent beaucoup plus de violences qu'ils n'en commettent, avec 170 500 jeunes sont pris en charge par les services de la Protection judiciaire de la jeunesse contre 92 000 jeunes au pĂ©nal, ce qui n'empĂȘche pas certains politiciens de surfer sur la peur de jeunes de banlieue, et de prĂŽner une justice toujours plus sĂ©vĂšre avec des centres de rééducation fermĂ©s. Et bien que l'OMS ait reconnu en 2010 que la principale cause pour subir ou commettre des violences est d'en avoir dĂ©jĂ  subi, rĂ©guliĂšrement la justice des mineurs qui heureusement en France depuis 1945 privilĂ©gie l'Ă©ducation et la prĂ©vention Ă  la punition est attaquĂ©e et sommĂ©e d'ĂȘtre plus rĂ©pressive. La Justice des mineurs est une justice particuliĂšre qui s'applique non seulement aux enfants s’applique aux enfants et aux adolescents de moins de 18 ans. Elle comprend des magistrats, des juridictions spĂ©cialisĂ©es le juge des enfants et le Tribunal pour enfants et des services Ă©ducatifs. Elle fonctionne selon des rĂšgles de droit et des procĂ©dures diffĂ©rentes de celles des adultes, qui sont adaptĂ©es aux symptĂŽmes psychotraumatiques qui traduisent une grande souffrance des enfants et des adolescents et qui sont une preuve de violences subies, sont le plus souvent interprĂ©tĂ©s comme des problĂšmes de personnalitĂ© inhĂ©rents Ă  l'enfant, Ă  sa mauvaise volontĂ©, son Ă©goĂŻsme, ses provocations, voire sa mĂ©chancetĂ© et son caractĂšre vicieux. Et plutĂŽt que de relier ces troubles psychotraumatiques Ă  des violences subies ou dont l'enfant a Ă©tĂ© le tĂ©moin, on va trouver de nombreuses rationalisations qui auront bon dos, telles que la crise d'adolescence, les mauvaises frĂ©quentations, l'influence de la tĂ©lĂ©vision, d'internet, etc., ou bien la faute Ă  pas de chance "mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour avoir un enfant comme ça ?", voire mĂȘme dans une inversion orwellienne particuliĂšrement perverse "on l'a trop pourri, gĂątĂ©, c'est un enfant roi !! ". L'hĂ©rĂ©ditĂ© peut ĂȘtre aussi appelĂ©e Ă  la rescousse "il est comme
 son pĂšre, son oncle, sa grand mĂšre, etc", ainsi que la maladie mentale, d'origine gĂ©nĂ©tique de prĂ©fĂ©rence. C'est comme cela que les suicides des enfants et des adolescents, ou les jeux dangereux, comme celui du foulard, seront mis sur le compte d'une contagion ou de dĂ©pressions, les violences subies n'apparaissant presque jamais en tant que cause directe. Il est utile de rappeler que les premiĂšres causes de mortalitĂ© en France chez les moins de 25 ans sont les accidents et les suicides, et que ceux-ci sont trĂšs fortement corrĂ©lĂ©s Ă  des violences rĂ©cits d'enfance de beaucoup de patients font froid dans le dos ! Ces rĂ©cits dĂ©crivent des scĂšnes de tortures quotidiennes, des sĂ©vices physiques et sexuels, des actes de barbarie, des mises en danger rĂ©itĂ©rĂ©es, associĂ©es Ă  des nĂ©gligences et des violences psychologiques d'une cruautĂ© incroyable. Pour la plupart de mes patients, les sĂ©vices remontent Ă  leur premiers souvenirs, dĂ©jĂ  Ă  3 ans ils vivaient dans la terreur et ils n'ont ensuite connus que celle-ci, dans l'indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale. Ils ont Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  une volontĂ© systĂ©matique de les faire souffrir le plus possible, avec des mises en scĂšne destinĂ©es Ă  les terroriser et Ă  les dĂ©sespĂ©rer, de vĂ©ritables tortures. Plusieurs patients m'ont rapportĂ©s avoir reçu en cadeaux de NoĂ«l ou d'anniversaire des fouets ou des martinets
 nombreux sont ceux qui, en punition, devaient rester des heures Ă  genoux les bras en croix ou sur la tĂȘte, enfermĂ©s dans une cave ou un placard dans le noir, attachĂ©s de longues heures, affamĂ©s ou obligĂ©s de manger des restes alimentaires avariĂ©s, passĂ©s sous des douches froides ou brulantes, exposĂ©s en plein froid, abandonnĂ©s, brulĂ©s avec des cigarettes. Certains Ă©taient mĂȘme rĂ©veillĂ©s en pleine nuit pour ĂȘtre injuriĂ©s, secouĂ©s et frappĂ©s violemment. D'autres devaient faire des travaux Ă©puisants ou impossibles pour leur Ăąge, et Ă©taient transformĂ©s en esclaves corvĂ©ables Ă  merci. Beaucoup ont eu de nombreuses fois peur de mourir lors de mises en danger conduite Ă  risque routiĂšre en Ă©tat d'ivresse, nĂ©gligences graves ; lors de menaces de mort explicites verbales ou avec une arme, menaces de "suicide" collectif ; lors de scĂ©narios terrifiants inventĂ©s par des adultes pour faire peur lors de maladie ou d'accidents oĂč les adultes prĂ©disent Ă  l'enfant une mort certaine dans des souffrances atroce uniquement pour le terrifier, un pĂšre "s'amusait" Ă  dire Ă  une patiente quand elle avait six ans qu'il avait dans sa poche une bombe qui allait exploser dans trois minutes et il commençait le dĂ©compte
 ; lors de violences physiques extrĂȘmes ou de viols ; lors de tentatives de meurtre strangulation, Ă©touffement, noyade, etc.. Ces enfants gravement maltraitĂ©s ont vĂ©cu continuellement la peur au ventre, peur de provoquer une colĂšre, peur d'ĂȘtre tuĂ©s, peur de se rĂ©veiller le matin, peur de rentrer Ă  la maison aprĂšs l'Ă©cole, peur des repas, des week-end, des vacances. Ils ont dĂ» dĂ©velopper des stratĂ©gies hors norme pour survivre, en s'auto-censurant pour Ă©viter toutes les situations Ă  risque de dĂ©gĂ©nĂ©rer en violences, en se soumettant Ă  tous les diktats des bourreaux, en se dissociant pour supporter l'insupportable en s'aidant de conduites dissociantes Ă  risque, en dĂ©veloppant trĂšs souvent un monde imaginaire pour s'y rĂ©fugier, un monde imaginaire devenant parfois envahissant avec un compagnon imaginaire poupĂ©e, peluche, animal, ami Ă  qui ils parlaient et qui souvent leur parlait, avec l'Ă©laboration de romans familiaux oĂč l'enfant Ă  d'autres parents ou de romans d'aventure dont ils Ă©taient les hĂ©ros. Mais ces stratĂ©gies avaient leur limite et les enfants pouvaient traverser des pĂ©riodes de dĂ©sespoirs intenses avec des idĂ©es et parfois des passages Ă  l'actes suicidaires. Et souvent, ils n'ont pu en parler, que vingt, trente, voir plus de quarante ans aprĂšs. À l'Ăąge adulte la mĂ©moire traumatique de toutes ces violences est toujours lĂ  qui met en scĂšne des terreurs, des dĂ©sespoirs, des souffrances intolĂ©rables comme si elles Ă©taient en train de se reproduire Ă  nouveau, avec des sensations soudaines d'ĂȘtre projetĂ©s par terre, d'ĂȘtre Ă©crasĂ©s, frappĂ©s violemment, de perdre connaissance, de mourir, d'avoir la tĂȘte ou le corps qui explose, avec des suffocations, des douleurs intenses. Et toutes les situations qui exposaient le plus Ă  des violences comme les repas, les soins corporels, l'endormissement, les apprentissages, rĂ©pondre Ă  des questions, les week-end, les vacances, les trajets en voiture, etc. deviennent redoutĂ©es, et sont susceptibles de provoquer bien des annĂ©es aprĂšs des angoisses ou des attaques de panique ou des conduites d' prospective amĂ©ricaine de Felitti 2010, montre le principal dĂ©terminant de la santĂ© Ă  55 ans est d'avoir subi des violences dans l'enfance. Les consĂ©quences sur la santĂ©, sont Ă  l'aune des violences subies, plus elles ont Ă©tĂ© graves, frĂ©quentes et plus les consĂ©quences sur la santĂ© sont importantes risques de mort prĂ©coces par accidents, maladies et suicides, de maladies cardio-vasculaires et respiratoires, de diabĂšte, d'obĂ©sitĂ©, Ă©pilepsie, de troubles psychiques, d'addictions, de douleurs chroniques invalidantes, etc. Les symptĂŽmes psychotraumatiques tels que la mĂ©moire traumatique, l'intensitĂ© des angoisses, des attaques de panique, des douleurs et l'impact sur la santĂ© sont de vĂ©ritables "boĂźtes noires", contenant toute la mĂ©moire des sĂ©vices, mĂȘme ceux dont il n'est pas possible pour la victime de se souvenir parce qu'elle Ă©tait trop petite, la structure cĂ©rĂ©brale permettant d'intĂ©grer les souvenirs - l'hippocampe - n'Ă©tant fonctionnelle qu'Ă  partir de 2-3 ans comme nous allons le voir, ou parce qu'une amnĂ©sie psychogĂšne de survie s'est installĂ©e, ce qui est frĂ©quent pour ne pas mourir de dĂ©sespoir. Mes patients ont la chance - parfois miraculeuse - d'avoir survĂ©cu, mais combien ne sont plus lĂ  pour tĂ©moigner. En France nous n'avons pas de chiffre pour Ă©valuer le nombre d'homicides d'enfants par violences, nous savons que les enfants les plus exposĂ©s Ă  la mort sont les plus jeunes, les nourrissons paient un trĂšs lourd tribu Ă  la violence, et souvent ces crimes ne sont pas identifiĂ©s, maquillĂ©s qu'ils sont en accidents ou en morts subites. la mortalitĂ© en France avant l’ñge de un an diminue rĂ©guliĂšrement mais reste toutefois importante 3393 cas en 2000 et plus Ă©levĂ©e qu’à tous les autre Ăąges de l’enfance. "Les statistiques nationales officielles de mortalitĂ© rĂ©vĂšlent pour cette tranche d’ñge certains phĂ©nomĂšnes troublants un pourcentage non nĂ©gligeable de morts de causes inconnues ou non dĂ©clarĂ©es », un taux trĂšs Ă©levĂ© de dĂ©cĂšs dits accidentels Ă  un Ăąge oĂč l’enfant n’a que peu de capacitĂ© d’ĂȘtre acteur de son accident notamment face au risque d’accident domestique, un petit nombre annuel d’homicides rĂ©pertoriĂ©s comme tels au niveau national, ce qui semble peu rĂ©aliste compte tenu des milliers de cas de mauvais traitements signalĂ©s annuellement." La chercheuse de l'INSERM Anne Tursz a montrĂ© que faute d'examens mĂ©dico-lĂ©gaux approfondis et d'enquĂȘte sur les dossiers mĂ©dicaux de mort du nourrisson de moins d'un an, qu'environ 1/4 des morts de causes inconnues ou non prĂ©cisĂ©es » du CĂ©piDc Centre d’épidĂ©miologie sur les causes mĂ©dicales de dĂ©cĂšs del’Inserm sont des morts suspectes ou violentes pour les parquets les donnĂ©es d’Instituts mĂ©dico-lĂ©gaux n’ayant pas Ă©tĂ© transmises au CĂ©piDc et 1/3 des morts accidentelles » codĂ©es comme telles au CĂ©piDc sont aussi des morts suspectes ou violentes. Les trois quarts de ces dĂ©cĂšs suspects et violents relĂšvent de deux causes le syndrome du bĂ©bĂ© secouĂ© » et la mort Ă  la naissance par asphyxie, noyade ou abandon sans soins. Les auteurs d'homicides bĂ©bĂ©s secouĂ©s sont trĂšs majoritairement les pĂšres et les auteurs des nĂ©onaticides qui seraient au nombre d'une centaine par an sont essentiellement des mĂšres. On constate donc un sous-enregistrement important des homicides de nourrissons. Les professionnels de l'enfance s'accordent Ă  donner comme chiffre d'enfants morts des suites de violence celui d'au moins 700 par an, soit environ deux enfants par autres chiffres des violences envers les enfants disponibles sont sous-estimĂ©s et proviennent des services sociaux et de l'ONED, il n'existe pas en France de grande enquĂȘte de victimisation comme celles qui ont Ă©tĂ© faite pour les violences conjugales ou les violences sexuelles, si les femmes sont dĂ©fendues par les fĂ©ministes, les enfants ont encore moins de dĂ©fenseurs, ils ne peuvent pas se regrouper en associations et manifester comme ont pu le faire les fĂ©ministes bien que la convention internationale des droits de l'enfant leur en confĂšre les droits, ils sont considĂ©rĂ©s comme des incapables, leurs paroles sont mises en doute Ă  priori et ils doivent ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s, et ceux qui les reprĂ©sentent, avant tout leurs parents, sont souvent ceux-lĂ  mĂȘmes qui les maltraitent. De nombreuses associations de lutte contre les violences envers les enfants ont vu le jour, il existe un-e dĂ©fenseur-e des enfants et un service de protection de l'enfance avec une plateforme de recueil de ce que l'on nomme maintenant par euphĂ©misme des informations prĂ©occupantes pour les enfants en danger on ne parle plus directement d'enfants maltraitĂ©s avec numĂ©ro d'appel national le 119 et des CRIP cellules de recueil des informations prĂ©occupantes pour chaque dĂ©partements, mais tout cela pĂšse peu, et surtout la voix des enfants, contrairement Ă  celles des adultes reste trĂšs peu entendue. En 2008 le nombre de mineurs pris en charge en protection de l’enfance est d’environ 267 000 pour la France entiĂšre soit un taux de prise en charge de 1,87 % des moins de 18 ans. Le nombre de jeunes majeurs concernĂ©s par une mesure de prise en charge est d’environ 21 000, soit un taux de prise en charge de 0,83% des 18-21 ans. L'enfant pendant ses premiĂšres annĂ©es de vie a un besoin absolu d'un adulte qui assure ses besoins essentiel, sa sĂ©curitĂ©, son bien-ĂȘtre matĂ©riel et affectif. L'enfant est en situation de dĂ©pendance physique, sociale, psychique et affective face au monde des adultes, toute violence ou nĂ©gligence de la part des adultes va mettre en pĂ©ril son dĂ©veloppement psycho-moteur et sa relation au monde, le plonger dans une grande insĂ©curitĂ© et le mettre en danger. Les enfants sont moins armĂ©s physiquement et psychologiquement que les adultes pour se dĂ©fendre contre les violences, c'est une Ă©vidence et les adultes sont en devoir d'assurer leur sĂ©curitĂ©, ce rĂŽle est dĂ©volu sauf exception aux parents, la famille offre normalement ce cocon de sĂ©curitĂ© Ă  l'enfant, le fait qu'elle ne joue pas ce rĂŽle plonge l'enfant dans une situation totalement anormale aux yeux d'une sociĂ©tĂ© qui, nous l'avons vu n'a pas envie de voir cette rĂ©alitĂ© et mĂȘme s'il existe des structures d'aide, de prĂ©vention et de secours pour l'enfant avec l'ASE aide sociale Ă  l'enfance, les PMI les centres de protection maternelle et infantiles, l'image idĂ©alisĂ©e de la famille, sa structure fermĂ©e, opaque, le respect habituel de l'intimitĂ© de la vie familiale, la mĂ©connaissance de la frĂ©quence des situations de maltraitance, de leur survenue dans tous les milieux socio-professionnels, dans toutes les ethnies contrairement Ă  des idĂ©es reçues qui situeraient les violences uniquement dans les milieux pauvres, dĂ©favorisĂ©s, issus de l'immigration, de leur gravitĂ© et de leur consĂ©quences fait qu'une trĂšs grande partie des enfants subissant des violences Ă©chappe Ă  la vigilance des structures censĂ©es protĂ©ger les enfants, que ce soient les structures sociales, de soins, Ă©ducatives et policiĂšres. De plus rĂšgne encore en France une tolĂ©rance Ă  la violence faite aux enfants pour des raisons Ă©ducatives, comme si l'Ă©ducation d'un enfant ne pouvait se passer d'un dressage par des punitions corporelles. Une violence Ă©ducative ordinaire » est tolĂ©rĂ©e, ressentie comme normale, voire indispensable par le plus grand nombre en Europe 60 Ă  90 % des parents approuvent les chĂątiments corporels comme mĂ©thode Ă©ducative Olivier Maurel. Et si les violences physiques sont interdites maintenant Ă  l'Ă©cole, les violences psychologiques, les menaces les paroles blessantes et les humiliations y restent monnaie courante comme mĂ©thode Ă©ducative. En revanche Ă  l'intĂ©rieur de la famille, le recours Ă  des violences physiques, tant qu'elles restent adĂ©quates et modĂ©rĂ©es » reste tolĂ©rĂ© en France, alors que 31 États dont 22 États membres europĂ©ens ont en 2011 interdit tout chĂątiment corporel y compris dans la ce qui paraĂźt Ă©vident la vulnĂ©rabilitĂ© des enfants, leur fragilitĂ©, la nĂ©cessitĂ© de les protĂ©ger, a mis beaucoup de temps Ă  s'imposer. Longtemps les enfants ont Ă©tĂ© perçu comme des sous-personnes », n'ayant aucun droits et appartenant Ă  la puissance paternelle qui pouvait avoir droit de vie ou de mort sur lui cf. la bible et les expositions dans la GrĂšce et la Rome antiques. La protection de l'enfance ne s'est mise en place qu'Ă  la fin du xixe siĂšcle pour beaucoup grĂące aux travaux sur les sĂ©vices et les mauvais traitement faits aux enfants de mĂ©decins lĂ©gistes français Tardieu, Lacassagne et Bernard avec des textes lĂ©gislatifs et surtout la loi de 1889, qui ont remis en cause de la sacro-sainte puissance paternelle et il est devenu possible de dĂ©choir un pĂšre de celle-ci. Il a fallu attendre 1935 pour abolir la procĂ©dure dite de "correction paternelle" qui permettait Ă  un pĂšre "outragĂ©" de faire placer son enfant en dĂ©tention dans des Ă©tablissements correctionnels, sans avoir besoin de fournir de justification, et jusqu'en 1958, il fut toujours possible, de placer les enfants en maison de correction sans qu'ils aient commis aucun dĂ©lit, ce pouvoir Ă©tant exercĂ© par la justice et non plus par les seuls parents Pierre Lassus, Maltraitances, Stock, 2001. De 1850 jusqu’au milieu du XXe siĂšcle, des milliers de jeunes sont condamnĂ©s Ă  la maison de correction, et y subissent de durs chĂątiments. En dehors des procĂ©dures dites de corrections paternelles, selon Marie Rouanet, les occupants de ces "prisons" pour enfants Ă©taient le plus souvent coupables de petits dĂ©lits, ou tout simplement indisciplinĂ©s en 1887, 7 000 enfants de moins de 10 ans Ă©taient dĂ©tenus dans ces Ă©tablissements. Les enfants errants, les mendiants et les petites filles qui sont prostituĂ©es, sont Ă©galement enfermĂ©s. D’autres encore viennent de l’Assistance publique, aprĂšs une mauvaise conduite dans leur famille d’accueil par exemple. Ce sont de vĂ©ritables bagnes oĂč les enfants subissaient de trĂšs graves violences, voire y Ă©taient torturĂ©s. En 1934, les enfants de la colonie pĂ©nitentiaire de Belle-Ile-en-Mer se sont soulevĂ©s et enfuient aprĂšs le tabassage d'un jeunes dĂ©tenus, une prime de 20 francs de l'Ă©poque a Ă©tĂ© alors offerte Ă  quiconque capturerait un fugitif, entraĂźnant une "chasse Ă  l'enfant" dĂ©noncĂ©e par PrĂ©vert dans son poĂšme du mĂȘme nom Ă©ponyme ?. Cette mutinerie a dĂ©clenchĂ© une campagne de presse demandant la fermeture de ces "bagnes" d' monde mĂ©dical va oublier aussitĂŽt les articles des mĂ©decins lĂ©gistes et ce n'est qu'en 1962 que le syndrome de l'enfant battu ou syndrome de Silverman sera dĂ©crit par Kempe pĂ©diatre Ă  Denver, avant pour expliquer les lĂ©sions traumatiques sans se rĂ©fĂ©rer aux violences subies Ă©taient Ă©voquĂ©s le rachitisme, le scorbut, la fragilitĂ© osseuse constitutionnelle, en 1939 un mĂ©decin Ingraham avait dĂ©jĂ  suggĂ©rĂ© l'origine traumatique par violences de certains hĂ©matomes sous-duraux et un autre mĂ©decin Caffey en 1946 avait dĂ©montrĂ© que l'association d'un hĂ©matome sous-dural et d'une fracture des os longs Ă©tait Ă©vocatrice de violences volontaires mais la communautĂ© mĂ©dicale Ă©tait restĂ©e peu rĂ©active, avec le syndrome de l'enfant battu les mĂ©decins commencent Ă  prendre conscience des violences gravissimes faites aux enfants, cela sera suivi, dans les annĂ©es 1970, de la reconnaissance des violences institutionnelles, du syndrome du bĂ©bĂ© secouĂ© et de ces consĂ©quences dramatiques risque de mort ou de dĂ©bilitĂ© mentale profonde, et enfin du syndrome de Munchausen par procuration des parents instrumentalisent des enfants en les rendant malades pour en obtenir des bĂ©nĂ©fices secondaires. Il faudra attendre 1980 pour que l'ampleur des violences sexuelles faites aux enfants et de la frĂ©quence de celles venant des proches soit prise en compte, grĂące surtout aux associations fĂ©ministes, viendront ensuite les dĂ©nonciations des violences faites aux petites-filles et aux jeunes femmes avec la lutte contre les mutilations gĂ©nitales et contre les mariages forcĂ©s avec la mise en place de lois efficaces et le relĂšvement de l'Ăąge lĂ©gal Ă  18 ans pour le mariage des filles. En 1989 l'ONU va mettre en place la Convention sur les Droits de l'enfant qui sera ratifiĂ©e en 2001 par 191 Ă©tats dont la France, l'article 19 oblige les États Ă  prendre toutes les mesures lĂ©gislatives, administratives, sociales et Ă©ducatives appropriĂ©s pour protĂ©ger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteintes, de brutalitĂ©s physiques ou mentales, d'abandon ou de nĂ©gligences, de mauvais traitement ou d'exploitation y compris la violence sexuelle pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux ou de ses reprĂ©sentants lĂ©gaux ou de toute personne Ă  qui il est confiĂ© ». Et si dĂšs 1979 la SuĂšde a Ă©tĂ© le premier pays Ă  prohiber totalement les chĂątiments corporels sur les enfants y compris Ă  la maison par la famille, suivi par la Finlande en 1983 et la NorvĂšge en 1987, actuellement 31 pays dont 22 europĂ©ens ont mais pas encore la ce qui concerne l'impact psychique spĂ©cifique des violences sur les enfants, lĂ  aussi tout c'est fait avec retard par rapport aux adultes, dans un premier temps les psychotraumatismes n'ont pas Ă©tĂ© individualisĂ©s chez l'enfant et l'impact direct des violences sur eux pas reconnus surtout pour les enfants de moins de six ans, la communautĂ© scientifique considĂ©rait qu'ils Ă©taient trop jeunes, trop incapables de comprendre pour cela, leurs symptĂŽmes quand on ne pouvait pas faire autrement que de les voir Ă©taient rapportĂ©s Ă  l'Ă©tat de la mĂšre, les enfants Ă©taient perturbĂ©s parce que la mĂšre l'Ă©tait et non Ă  cause du traumatisme auquel ils avaient Ă©tĂ© exposĂ©s, exactement comme lorsque les mĂ©decins ne traitaient pas la douleur chez les tout petits et faisaient sans anesthĂ©sie des examens invasifs qu'il aurait Ă©tĂ© hors de question de faire Ă  un adulte sans l'anesthĂ©sier, lĂ  aussi on considĂ©rait que l'enfant n'avait ni la maturitĂ© physiologique pour ressentir la douleur, ni la maturitĂ© psychologique pour comprendre la douleur donc ce n'Ă©tait pas la peine de se fatiguer Ă  prendre des prĂ©cautions et Ă  donner des mĂ©dicaments antalgiques et anesthĂ©siants dont en revanche on pensait, sans Ă©tude pour l'Ă©tayer, qu'ils Ă©taient dangereux pour leur santĂ©. Et si les enfants pleuraient, criaient, c'Ă©tait considĂ©rĂ© comme normal ou comme directement dĂ» Ă  l'inquiĂ©tude et au stress de la mĂšre ! C'est vraiment Ă  peine caricaturĂ©, les choses ont beaucoup changĂ© actuellement grĂące, entre autres, au travail pionnier d'une Ă©tudiante en mĂ©decine qui avait consacrĂ© sa thĂšse Ă  la mise en place d'Ă©chelle d'identification pour Ă©valuer la douleur chez le tout-petit, mais il existe encore des services hospitaliers de pĂ©diatrie oĂč la douleur est encore trĂšs peu prise en charge. Et pour les traumatismes, a fortiori ce n'Ă©tait pas la peine de se prĂ©occuper des enfants particuliĂšrement des plus petits, puisque ils Ă©taient considĂ©rĂ©s comme ne comprenant pas, et ne pouvant pas s'en souvenir. C'est ainsi que la prise en compte de l'impact sur les enfants de l'exposition Ă  la violence conjugale ne date que de quelques annĂ©es seulement. Anna Freud a Ă©tĂ© une pionniĂšre pendant la guerre et le blitz les bombardements allemands en prenant en traitement les tout-petits qui avaient Ă©tĂ© traumatisĂ©s lors des sĂ©parations de grande envergure organisĂ©es par les autoritĂ©s pour protĂ©ger les enfants Ă  la campagne, mĂȘme si elle considĂ©rait que c'Ă©tait avant tout l'absence de la mĂšre qui Ă©tait la cause de leurs Ă  ces fausses reprĂ©sentations l'impact psychologique des violences sur les enfants est plus grave que sur les adultes, du fait de leur fragilitĂ©, de leur grande dĂ©pendance, de leur impuissance et de leur manque d'expĂ©rience face aux adultes, de leur immaturitĂ© Ă  la fois physiologique et psychologique et de leur situation d'ĂȘtre en devenir, en pleine construction. L'immaturitĂ© du systĂšme nerveux central rend le cerveau des enfants beaucoup plus sensible aux effets du stress par l'intermĂ©diaire de la sĂ©crĂ©tion excessives de cortisol, avec des risques plus importants d'atteintes neuronales et plus particuliĂšrement dendritiques, avec des morts neuronales, et des modifications Ă©pigĂ©nĂ©tiques de l'ADN des neurones, certaines zones du cerveau comme le cortex prĂ©-frontal limbique et l'hippocampe peuvent perdre de leur volume et rester atrophiĂ©s tant qu'il n'y a pas de protection mise en place et de prise en charge adaptĂ©e. Le systĂšme nerveux d'un enfant a une grande plasticitĂ©, des soins spĂ©cialisĂ©s permettent une trĂšs bonne rĂ©cupĂ©ration neuronale. Une autre des caractĂ©ristiques du cerveau d'un enfant de moins de deux ans est la grande immaturitĂ© de l'hippocampe, cette structure cĂ©rĂ©brale sous-corticale qui est un vĂ©ritable logiciel de la mĂ©moire et des apprentissages. L'hippocampe est indispensable pour mĂ©moriser des Ă©vĂ©nements, intĂ©grer des apprentissages et se repĂ©rer au niveau temporo-spatial, son immaturitĂ© fait qu'un enfant de moins de deux ans ne peut pas avoir de souvenirs de la pĂ©riode entre sa naissance et ses deux ans. Cette absence de souvenirs ne signifie pas pour autant qu'il ne puisse pas ĂȘtre traumatisĂ© par des violences, tout au contraire car la structure cĂ©rĂ©brale responsable des rĂ©ponses Ă©motionnelles l'amygdale cĂ©rĂ©brale est active et fonctionnelle avant mĂȘme la naissance Ă  partir au moins du 7Ăšme mois de grossesse, il y aura donc une rĂ©ponse Ă©motionnelle qui sera encore plus intense que celle des adultes, les possibilitĂ©s de la moduler Ă©tant bien moins importantes le cortex cĂ©rĂ©bral qui est la structure modulante est moins performant car avec moins de capacitĂ©s d'analyses et de ressources, de plus le cortex ne peut pas faire appel Ă  l'hippocampe pour utiliser des apprentissages et des souvenirs trĂšs utiles pour mieux comprendre et analyser la situation de violence. Le circuit Ă©motionnel sera donc beaucoup moins modulĂ©, et risquera d'autant plus de se retrouver en "sur-voltage" entraĂźnant de ce fait un risque cardio-vasculaire et neurologique risque de toxicitĂ© neuronale et d'hyper-excitation de ceux-ci pouvant ĂȘtre responsable de crises Ă©pileptiques, de pertes de connaissance, et le dĂ©clenchement par mĂ©canisme de sauvegarde d'une disjonction qui sera Ă  l'origine d'une dissociation et d'une importante mĂ©moire traumatique. Ces Ă©lĂ©ments rendent les enfants les plus jeunes trĂšs vulnĂ©rables aux violences, mĂȘme s'ils n'en ont pas le souvenir ils en auront des symptĂŽmes envahissants par l'intermĂ©diaire de la mĂ©moire traumatique de ces Ă©vĂšnements. Cette mĂ©moire traumatique les colonisera en leur faisant revivre les mĂȘmes Ă©motions, sensations et douleurs que celles ressenties lors des violences. Leur dĂ©veloppement psychique sera "infectĂ©" par cette mĂ©moire traumatique et par les stratĂ©gies de survie que l'enfant mettra en place pour y Ă©chapper ou l'anesthĂ©sier, et risquera d'entrainer des troubles de la personnalitĂ©, des troubles du comportements et des troubles cognitifs qui pourront, quand ils sont envahissants, ĂȘtre pris Ă  tort pour des Ă©tats psychotiques, des Ă©tats limites, des troubles obsessionnels sĂ©vĂšres, des troubles graves de l'attention, et des dĂ©bilitĂ©s mentales et traitĂ©s comme tels, par mĂ©connaissance des troubles psychotraumatiques. AprĂšs deux trois ans, si l'hippocampe devient fonctionnel, les violences pourront aussi ĂȘtre oubliĂ©es en totalitĂ© ou en partie par une amnĂ©sie psychogĂšne de survie assez frĂ©quente 38% d'amnĂ©sie complĂšte lors de violences sexuelles dans l'enfance lors de l'Ă©tude de Il est d'autant plus essentiel de les protĂ©ger des violences et d'intervenir le plus tĂŽt possible, il s'agit de situations d'urgence pour Ă©viter des psychotraumatismes sĂ©vĂšres et chroniques avec de graves consĂ©quences sur la vie future des enfants, sur leur santĂ©, sur leur scolarisation et leur socialisation et sur le risque de perpĂ©tuation des violences, comme nous l'avons dĂ©jĂ  vu. En effet le terreau le plus important de toutes les violences futures est la violence faite aux enfants, les enfants peuvent ĂȘtre soumis Ă  de la violence dĂšs leur premier mois de vie, avec les maltraitances, partie la plus grave, mais aussi avec la violence Ă©ducative "ordinaire", et les chĂątiments corporels que la quasi totalitĂ© des parents utilisent contre leurs enfants pour soi-disant les Ă©duquer, leur apprendre l'obĂ©issance, le respect du sacro-saint » adulte, apprendre Ă  ne pas le dĂ©ranger, ne pas l'Ă©nerver, ne pas le contrarier. La sociĂ©tĂ© qui tolĂšre, banalise voire mĂȘme valorise les punitions corporelles donne un permis Ă  tous les parents de battre leur enfant, il faut seulement qu'il n'exagĂšrent pas, que les punitions soient raisonnables et qu'elles n'entraĂźnent pas de consĂ©quences physiques trop voyantes. Comment en arrive-t-on lĂ , en toute incohĂ©rence, Ă  ne pas tolĂ©rer qu'un adulte frappe un autre adulte, Ă  ne tolĂ©rer aucune violence conjugale, Ă  ne pas tolĂ©rer les violences commises sur les personnes ĂągĂ©es, sur les personnes handicapĂ©es, Ă  ne pas tolĂ©rer de frapper un prĂ©venu ou un un prisonnier en trouvant que ce serait inadmissible, trĂšs humiliant, une atteinte Ă  la dignitĂ© de la personne, et accepter qu'un enfant puisse recevoir des tapes, des claques des fessĂ©es ? Quelle image a-t-on de l'enfant ? Ne serait-il pas tout Ă  fait un ĂȘtre humain, qu'on puisse le dresser et le frapper encore plus facilement qu'un chien ? N'aurait-il aucune dignitĂ© Ă  prĂ©server ? Ressentirait-il si peu de chose que l'on puisse sans Ă©tat d'Ăąme lui faire aussi mal, alors qu'en tant que parent on est censĂ© le protĂ©ger ? OĂč est la logique, l'enfant est ce qu'il y aurait de plus prĂ©cieux, de plus fragile et on peut le frapper ? Et quand on observe les raisons pour lesquelles l'enfant est frappĂ© dĂšs son plus jeune Ăąge c'est parce qu'il pleure trop, qu'il ne veut pas manger, qu'il refuse de se laisser habiller, qu'il n'arrive pas Ă  dormir, qu'il ne veut pas arrĂȘter de jouer, qu'il ne veut pas rendre un objet ou le ranger, qu'il essaie d'obtenir ce qu'il veut, qu'il n'obĂ©it pas, qu'il dit ce qu'il ne faut pas, qu'il a fait tomber quelque chose, qu'il parle trop, qu'il bouge trop, qu'il n'arrive pas Ă  comprendre ce qu'on lui dit ou ce qu'on veut lui faire apprendre, parfois mĂȘme c'est parce qu'il s'est fait mal, qu'il s'est mis en danger, Ă  Ă©chapper Ă  la surveillance de l'adulte
 Et tout cela serait tellement grave, tellement pervers
 que cela nĂ©cessiterait des punitions corporelles ? À l'Ă©vidence beaucoup plus grave aux yeux des adultes que toutes les transgressions, nĂ©gligences, voire dĂ©lits que les adultes commettent souvent tranquillement devant leurs enfants il est interdit Ă  l'enfant de dĂ©sobĂ©ir mais l'adulte peut devant ses enfants transgresser le code de la route, faire un excĂšs de vitesse, conduire en Ă©tat d'Ă©briĂ©tĂ©, se garer n'importe oĂč, lui il peut, personne va le frapper, Ă  la rigueur il sera verbalisĂ© s'il est pris ! L'adulte peut ne pas avoir faim, ne pas avoir envie de dormir, mal se tenir Ă  table, profĂ©rer des injures ou dire des gros mots », ne pas ĂȘtre suffisamment en forme pour se concentrer, lui a le droit, lui a des bonnes raisons, l'enfant non ! Tout ce qu'il fait, cet enfant, va ĂȘtre perçu par la mauvaise magie de la mĂ©moire traumatique de l'adulte qui remet en scĂšne les violences subies dans l'enfance et les discours de ses propres parents qui les accompagnaient comme venant d'une mauvaise intention, pour Ă©nerver l'adulte, pour lui pourrir la vie, l'enfant est dramatiquement perçu comme fondamentalement mauvais, agressif, prĂȘt Ă  pousser de travers » si on ne le redresse pas Ă  temps. Et si le comportement d'un enfant de quelques mois, d'un an, de deux, trois, quatre, cinq ans peut ĂȘtre aussi mal interprĂ©tĂ© sans tenir compte de sa rĂ©alitĂ© de tout petit, c'est bien parce que la presque totalitĂ© des parents ont entendu dans leur enfance, leurs propres parents interprĂ©ter leurs comportement de la mĂȘme façon, et se sont entendu dire qu'ils Ă©taient mĂ©chants, difficiles, insupportables quand ils Ă©taient frappĂ©s. Un enfant c'est donc mauvais ! Entendre son enfant pleurer, c'est rĂ©entendre son pĂšre ou sa mĂšre hurler. Et c'est Ă  nouveau, du fait de la mĂ©moire traumatique, avoir peur qu'une violence aveugle s'abatte sur soi, et la ressentir comme imminente cette violence prĂȘte Ă  nous envahir Ă  nouveau, nous remplissant de haine et de dĂ©sespoir mĂȘlĂ©s. Aussi cet adulte, face aux pleurs de son enfant, peut le considĂ©rer comme responsable de l'orage Ă©motionnel qui l'envahit, et contre toute logique le percevoir comme dangereux et insĂ©curisant. Et l'enfant bien malgrĂ© lui, se retrouve convoquĂ© dans une scĂšne violente appartenant au passĂ© de l'adulte, mais malheureusement non reconnu comme tel par ce dernier. Et si petit, nous avons Ă  maintes reprises mis nos parents dans un Ă©tat pareil et que nous rĂ©expĂ©rimentons ce mĂȘme Ă©tat, alors c'est bien que c'est l'enfant lui-mĂȘme qui est assimilĂ© Ă  une sorte de diable par un raccourci catastrophique, et le frapper, tout comme nos propres parents l'avaient dĂ©jĂ  fait, devient normal », et bon » puisque cela nous soulage, et pas si horrible que ça puisque la disjonction ayant entraĂźnĂ© une anesthĂ©sie Ă©motionnelle, l'instinct normal de protection, la relation normale d'amour ne sont plus Ă  mĂȘme d'ĂȘtre ressentis et de servir de garde fou contre cette violence qui devrait ĂȘtre impensable. Le c'est pour ton bien » que dĂ©nonce Alice Miller peut alors se dĂ©ployer, permettant par une imposture intellectuelle de prĂ©server une image idĂ©ale de bons parents et de rationnaliser l'explosion de violence, bien que personne ne soit tout Ă  fait dupe
, tout est si incohĂ©rent ! Mais puisque ses propres parents, ses grands-parents, et presque tous les autres parents connus, se sont autorisĂ©s Ă  fonctionner comme cela, pourquoi pas faire pareil ? De plus, comme cela demanderait un tel effort Ă  ces parents de se calmer, de fonctionner autrement, c'est bien pratique, avec l'aval de la sociĂ©tĂ© entiĂšre de se soulager sur ses enfants de toutes ses tensions et malaises. Ne nous nous y trompons pas, les premiĂšres violences et l'expĂ©riences de leur qualitĂ© auto-traitantes, si elles ne font pas suffisamment horreur pour ĂȘtre aussitĂŽt contrĂŽlĂ©es risquent fort d'ĂȘtre la porte ouverte ensuite Ă  bien d'autres violences de plus en plus extensives, l'enfant pouvant dans un premier temps ĂȘtre attaquĂ© lors des allumage de la mĂ©moire traumatique qu'il a bien malgrĂ© lui "allumĂ©" par des liens avec un passĂ© qui ne le concerne pas, celui de ses parents, puis dans un deuxiĂšme temps, par le jeu Ă  la fois de phĂ©nomĂšnes addictifs de dĂ©pendance et de tolĂ©rance Ă  la violence, s'aggraver et s'Ă©tendre pour faire jouer Ă  l'enfant bouc Ă©missaire » le rĂŽle de mĂ©dicament efficace, de disjoncteur rĂ©-armable Ă  l'infini, et mĂȘme de traitement prĂ©ventif » pour toutes les angoisses, stress, frustrations qui n'ont plus rien Ă  voir directement avec l'enfant mais qui allument » eux aussi la mĂ©moire traumatique du parent agresseur. Le systĂšme peut s'emballer et devenir contaminant, l'enfant devenant le disjoncteur au service de tout le monde, avec une absence totale de compassion toujours liĂ©e Ă  l'anesthĂ©sie Ă©motionnelle de tous. On peut se retrouver dans une de ces situations dramatiques ou un enfant dans sa famille subi en permanence des violences de tout le monde, parfois sans aucune exception. Cela peut mener jusqu'Ă  la mort de l'enfant, si rien est fait pour arrĂȘter cet engrenage terrible. Parfois, quand l'enfant est dans ce rĂŽle forcĂ© de disjoncteur rĂ©-armable au service des autres, un accident liĂ© aux violences, une fugue ou une tentative de suicide de l'enfant, peut rĂ©veiller » un ou plusieurs membres de la famille dans une prise de conscience effarĂ©e de la gravitĂ© et de l'horreur de la situation et faire cesser les violences. Mais malheureusement, le plus souvent, l'anesthĂ©sie Ă©motionnelle et l'accumulation des violences sont telles qu'il n'y aura aucune remise en question, tout au plus un peu plus de prĂ©caution pour ne pas refaire sauter le fusible », ou de la manipulation pour que cela ne se reproduise plus dans les cas de tentatives de suicide ou de fugues. Il y a des points de non retour qu'il faut prendre garde Ă  ne pas laisser atteindre, ils sont liĂ©s Ă  une quantitĂ© importante de violences si graves qu'elles rendent tout repentir quasi impossible pour les agresseurs, sortir de son anesthĂ©sie Ă©motionnelle, reconnaĂźtre ce qui a Ă©tĂ© fait et l'assumer entraĂźnerait un tel effondrement devant l'ampleur de sa culpabilitĂ© que rien ne semble pouvoir empĂȘcher que le systĂšme secrĂšte une carapace d'insensibilitĂ© protectrice » et un dĂ©ni de la rĂ©alitĂ© hyper-rĂ©sistants. La sociĂ©tĂ©, en laissant perpĂ©tuer des violences ordinaires » sur les enfants qu'elle n'interdit et ne condamne pas suffisamment, porte une lourde responsabilitĂ©. Et elle se positionne de façon particuliĂšrement hypocrite en s'Ă©tonnant ensuite de la violence de jeunes adolescents et de leurs conduites dissociantes Ă  risques qu'elle condamne cette fois-ci trĂšs sĂ©vĂšrement, alors que celles-ci sont directement issues des violences subies. Les violences et les troubles des conduites et du comportements des adolescents sont considĂ©rĂ©es comme bien plus graves que ceux des adultes, et la plupart du temps on ne se pose aucune question sur les violences familiales qui sont le plus souvent Ă  l'origine de ces violences et de ces troubles. Voire mĂȘme le problĂšme peut ĂȘtre totalement inversĂ©, on considĂšrera qu'il s'agit d'enfants et d'adolescents rois, Ă  qui on a laissĂ© tout faire sans aucune limite et qui n'ont pas Ă©tĂ© assez punis ! Et quand les violences familiales sont connues, ce n'est souvent pas pour autant que les adolescents en souffrance seront mieux compris et pris en charge. Cela n'empĂȘchera pas nombre d'adultes confrontĂ©s Ă  leurs troubles psychiques et Ă  leurs conduites dissociantes de leur faire la morale, aucun lien n'Ă©tant fait le plus souvent entre les violences subis et leurs troubles. S'Ă©tonner de la souffrance psychique et des troubles des conduites et du comportement des adolescents fugues, tentatives de suicides, conduites Ă  risques, prise d'alcool et de drogues, auto-mutilations, dĂ©linquance, violences, c'est aussi absurde que de s'Ă©tonner et s'offusquer qu'une victime d'un coup de couteau saigne, salisse tout et de surcroit s'agite, se plaigne et aille trĂšs mal ! Et mĂȘme comble de malhonnĂȘtetĂ©, il arrive que l'on donne Ă  ces adolescents le contre exemple d'une victime exemplaire qui ne fait pas de vague, ne salit rien, et continue Ă  donner l'impression d'aller bien en ne dĂ©rangeant personne, preuve que c'est possible mais on omet de dire Ă  quel prix soit par un sacrifice total, la victime par loyautĂ© familiale se taira et cachera trĂšs soigneusement toutes les consĂ©quences, soit par une anesthĂ©sie Ă©motionnelle totale induite par des violences rĂ©pĂ©tĂ©es et continues ou par des conduites dissociantes Ă  risque ou par une chance extraordinaire, le "couteau" n'ayant touchĂ© aucun vaisseau, aucun organe. Ils pourraient donc aller bien, au lieu d'embĂȘter tout le monde, preuve bien arrangeante que le coup de couteau pourrait n'entraĂźner aucun traumatisme, preuve fabriquĂ©e », falsifiĂ©e qui sera utilisĂ©e pour dĂ©savouer les victimes qui ont des consĂ©quences. On ne manque jamais de vous assener ces contre-exemples » rĂ©silients qui ont mĂȘme bĂ©nĂ©ficiĂ©, selon eux, de ces violences subies pour ĂȘtre encore plus parfaits, pour encore mieux rĂ©ussir, les violences les ayant forgĂ©es », quel merveilleux malheur », merci Papa, merci Maman de m'avoir autant maltraitĂ©, grĂące Ă  vous, je suis quelqu'un de fort et de bien maintenant ! ». Pour se rassurer sur leur intĂ©gritĂ© et leur non-condition de victimes parce que c'est dĂ©gradant d'ĂȘtre victime, c'est ĂȘtre infĂ©rieur imposent aux autres victimes leur rĂ©ussite » et ces agresseurs qui n'ont jamais subis la moindre violence, qui sont violents par gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e », comme cela, tout simplement parce qu'il y a des gens mĂ©chants ! L'enjeu de tout cela, c'est de prouver que puisque ce qu'on nomme des violences ne sont pas graves pour tout le monde, qu'elle peuvent ne pas avoir de consĂ©quences il est plus facile de maquiller un statut d'agresseur que de victime, l'agresseur a des disjoncteurs » Ă  sa disposition qui "sautent" pour lui, c'est les victimes qui se font remarquer par leur symptĂŽmes ».Il est essentiel de lutter efficacement contre ces violences faites aux enfants, les consĂ©quences Ă  court, moyen et long terme sur leur santĂ© psychique et physique sont catastrophiques, il faut les protĂ©ger et les soigner le plus tĂŽt possible, plus les soins sont prĂ©coces, plus ils sont efficaces et plus ils Ă©vitent des souffrances intolĂ©rables et des morts prĂ©coces par homicides, par accidents liĂ©s Ă  des conduites Ă  risques, par suicides, par morts prĂ©coces dues Ă  des pathologies somatiques liĂ©es au stress infarctus du myocarde, diabĂšte, etc.. Il est hors de question de les abandonner Ă  ces violences, sans prise en charge les enfants devront survivre comme ils peuvent et seront Ă  grand risque d'Ă©checs scolaires, de conduites addictives tabac, alcool, drogues, de marginalisation, d'isolement social, d'exclusion, de dĂ©linquance. Lintention de ce texte est de montrer comment il fonde cette responsabilitĂ© dans une thĂ©orie libĂ©rale des devoirs. La premiĂšre partie expose l’argumentation par laquelle Goodin Ă©tablit que la teneur normative des devoirs moraux ne rĂ©side pas dans la volontĂ©, mais dans la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. La deuxiĂšme partie prĂ©sente les grandes lignes de son Principe de protection
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1 Nous devons obĂ©issance Ă  l’État. A. Le premier devoir du citoyen est d’obĂ©ir Ă  la loi. On pourrait penser que ce que nous devons Ă  l’État, c’est l’obĂ©issance. C'est ce que dit Hobbes dans le LĂ©viathan, en dĂ©finissant le pacte qui est Ă  l’origine de la formation de l’État comme un pacte entre les individus au profit RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s Dans son livre Protecting the Vulnerable, Robert Goodin dĂ©fend la thĂšse de l’existence d’une responsabilitĂ© Ă  l’égard de toutes les personnes vulnĂ©rables. L’intention de ce texte est de montrer comment il fonde cette responsabilitĂ© dans une thĂ©orie libĂ©rale des devoirs. La premiĂšre partie expose l’argumentation par laquelle Goodin Ă©tablit que la teneur normative des devoirs moraux ne rĂ©side pas dans la volontĂ©, mais dans la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. La deuxiĂšme partie prĂ©sente les grandes lignes de son Principe de protection des personnes vulnĂ©rables. La troisiĂšme partie argue que l’État est le premier responsable dans la protection des personnes vulnĂ©rables, car c’est lui qui possĂšde le pouvoir d’action pour prĂ©venir les relations d’exploitation qui causent la vulnĂ©rabilitĂ© moralement problĂ©matique. La quatriĂšme partie prĂ©sente trois raisons qui mettent en lumiĂšre l’intĂ©rĂȘt actuel de la contribution de Goodin. In his book Protecting the Vulnerable, Robert Goodin argues that there exists a responsibility towards all vulnerable people. The intention of this text is to show how he bases this responsibility on a liberal theory of duties. The first part explains Goodin’s argument that the normative content of moral duties does not lie in the will, but in the vulnerability of people. The second part outlines the Principle of Protection of Vulnerable People. The third part argues that the State is primarily responsible for protecting vulnerable people, because it has the power to prevent exploitative relationships that cause morally problematic vulnerability. The fourth part presents three reasons that highlight the current interest of Goodin’s de page EntrĂ©es d'index Haut de page Texte intĂ©gral 1 C’est notamment ce que fait valoir BrenĂ© Brown dans Le Pouvoir de la vulnĂ©rabilitĂ© la vulnĂ©rabil ... 1Souffrance et vulnĂ©rabilitĂ© semblent aller de pair. La vulnĂ©rabilitĂ©, c’est la possibilitĂ© d’ĂȘtre blessĂ©, donc de souffrir ; ce qui inscrit la vulnĂ©rabilitĂ© dans le registre des maux. En mĂȘme temps, notre propre vulnĂ©rabilitĂ© peut aussi ĂȘtre pensĂ©e comme la condition de la sensibilitĂ© Ă  l’égard de celle d’autrui et le berceau » de l’amour, de l’empathie et du courage1 ; ce qui fait de la vulnĂ©rabilitĂ© une caractĂ©ristique humaine dĂ©sirable et mĂȘme essentielle. Pour les philosophes Paul RicƓur, Emmanuel Levinas et Hans Jonas, la vulnĂ©rabilitĂ© est d’abord et avant tout un appel Ă  la responsabilitĂ© Ă  l’égard de la souffrance actuelle ou potentielle d’autrui ; elle s’impose dĂšs lors comme une catĂ©gorie ou un critĂšre moral fondamental et incontournable. 2 C. Mackenzie – W. Rogers – S. Dodds, Introduction What is Vulnerability, and Why Does it Matter ... 3 Mackenzie – Rogers – Dodds, Introduction », p. 7. 4 Mackenzie – Rogers – Dodds, Introduction », p. 7. 2La vulnĂ©rabilitĂ© est non seulement une caractĂ©ristique humaine, elle est le trait distinctif de tout le vivant. En tant qu’ĂȘtres finis, les ĂȘtres vivants sont par essence vulnĂ©rables. Chez l’ĂȘtre humain toutefois, cette vulnĂ©rabilitĂ© ontologique vient non seulement de sa constitution physique et biologique et des besoins matĂ©riels qui y sont attachĂ©s, mais du fait qu’il est un ĂȘtre affectif et social, dĂ©pendant d’autrui et vulnĂ©rable Ă  la nĂ©gligence et aux abus, Ă  l’humiliation, Ă  la discrimination, au deuil, Cette vulnĂ©rabilitĂ©, intrinsĂšque Ă  la condition humaine, Catriona Mackenzie, Wendy Rogers et Susan Dodds la nomment inhĂ©rente » et la distinguent de ce qu’elles appellent la vulnĂ©rabilitĂ© situationnelle »3 ou la vulnĂ©rabilitĂ© due Ă  un contexte spĂ©cifique » ; c’est-Ă -dire celle qui est causĂ©e ou exacerbĂ©e par les situations personnelles, sociales, politiques, Ă©conomiques ou environnementales des individus et des groupes sociaux4 ». 5 Je classe Hans Jonas Ă  part. Il se soucie de la vulnĂ©rabilitĂ© accrue qui vient de l’accroissement ... 3À la diffĂ©rence de celle sur laquelle portent les rĂ©flexions de RicƓur et de Levinas5, c’est Ă  cette vulnĂ©rabilitĂ© situationnelle que s’intĂ©ressent ce qu’il est maintenant convenu d’appeler les Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ©, portĂ©es principalement — du moins dans le monde anglo-saxon — par des thĂ©oriciennes fĂ©ministes. Ces Ă©thiques sont prĂ©occupĂ©es par la vulnĂ©rabilitĂ© qui rĂ©sulte d’injustices d’origine humaine, la vulnĂ©rabilitĂ© qui n’a pas Ă  ĂȘtre, qui peut ĂȘtre Ă©vitĂ©e et contre laquelle on peut agir. 6 H. Thomas, Les vulnĂ©rables. La dĂ©mocratie contre les pauvres Terra, Bellecombe-en-Bauges Savoie ... 7 L. Burgorgue Larsen, La vulnĂ©rabilitĂ© saisie par les juges en Europe Cahiers europĂ©ens 7, Paris, ... 4L’intĂ©rĂȘt croissant pour la vulnĂ©rabilitĂ© injuste » ne se limite pas Ă  la thĂ©orie Ă©thique, mais s’étend Ă  une diversitĂ© de domaines et de disciplines. La notion de groupes vulnĂ©rables, omniprĂ©sente en santĂ© publique et dans les sciences sociales, se dĂ©cline en une multitude de sous-groupes enfants et adolescents, majeurs inaptes, personnes ĂągĂ©es, travailleurs et travailleuses du sexe, consommateurs, travailleurs sociaux ou travailleurs du care, minoritĂ©s nationales, groupes marginalisĂ©s, pauvres, classe moyenne, enfants soldats, etc. Dans les pratiques d’accompagnement et d’intervention, pensĂ©es par dĂ©finition en fonction des personnes ou des groupes vulnĂ©rables, la rĂ©flexion et la recherche sur les implications du recours Ă  cette notion prennent lĂ  aussi une place grandissante. On constate quelque chose de similaire dans les milieux d’affaires et le monde des organisations ainsi que dans la dĂ©finition des politiques sociales nationales et internationales6. D’aucuns parlent d’ailleurs de Vulnerability Turn »7 pour rendre compte de l’explosion du nombre de travaux qui convoquent la notion de vulnĂ©rabilitĂ© pour repenser les rapports des ĂȘtres humains entre eux, leurs rapports Ă  l’environnement, ainsi que les implications normatives qui en dĂ©coulent pour les individus, les groupes et les États. 5Du cĂŽtĂ© de la philosophie morale, la notion de vulnĂ©rabilitĂ© structure un modĂšle Ă©thique qui s’oppose aux Ă©thiques modernes libĂ©rales, dĂ©ontologiques et utilitaristes. De maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, ce modĂšle s’oppose Ă  l’éthique pensĂ©e en termes de justice et de droits, d’autonomie et d’autodĂ©termination du sujet moral, de responsabilitĂ© symĂ©trique et de rĂ©ciprocitĂ© — ce qu’on appelle les Ă©thiques de justice. En postulant une Ă©quivalence entre autonomie et dignitĂ© morale, celles-ci seraient insuffisantes pour garantir la dignitĂ© des personnes. Non seulement elles peinent Ă  dĂ©finir le statut moral des ĂȘtres non autonomes embryon et fƓtus, environnement, animaux, gĂ©nĂ©rations futures, etc., mais elles se limitent ou ne s’appliquent qu’à une sphĂšre exiguĂ« des relations et des activitĂ©s humaines. Une contribution importante des Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© a donc Ă©tĂ© de revoir l’anthropologie philosophique dominante qui pense l’ĂȘtre humain en termes d’autonomie, pour la remplacer — ou plutĂŽt la complĂ©ter — par une conception de l’humain comme ĂȘtre vulnĂ©rable qui, malgrĂ© sa condition de vulnĂ©rabilitĂ©, aspire Ă  l’autonomie. Elles ont rendu visible dans la thĂ©orie Ă©thique ce qui ne l’était pas auparavant la vulnĂ©rabilitĂ© et pris en compte le fait que tous les projets de vie ne peuvent pas s’inscrire dans une visĂ©e d’autonomie ceux des handicapĂ©s graves, des personnes en fin de vie, etc. Un autre apport significatif des Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© a Ă©tĂ© d’éclairer les causes structurelles, de nature sociale et politique, des injustices que subissent les groupes et les personnes vulnĂ©rables, contribuant ainsi Ă  mieux dĂ©finir les conditions d’une dignitĂ© concrĂšte. 6Enfin, parce qu’elles pensent l’éthique en termes de relations plutĂŽt que sous l’angle des intĂ©rĂȘts individuels, les Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© seraient plus aptes que les Ă©thiques de justice Ă  relever les dĂ©fis Ă©thiques contemporains impliquant des personnes et des communautĂ©s en situations de vulnĂ©rabilitĂ©, ainsi que des ĂȘtres non autonomes et non responsables. Aussi, le concept de vulnĂ©rabilitĂ© structure-t-il plusieurs des rĂ©flexions en Ă©thique du care, en thĂ©orie juridique fĂ©ministe, en thĂ©orie politique du care et en Ă©thique de l’environnement. Ces travaux visent Ă  faire de la vulnĂ©rabilitĂ© un concept central en Ă©thique. 8 R. E. Goodin, Protecting the Vulnerable. A Reanalysis of our Social Responsibilities, Chicago, Uni ... 9 L’expression vulnĂ©rabilitĂ© moralement problĂ©matique » dĂ©signe les formes ou les situations de vu ... 10 Les Ă©thiques du care et certaines Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© insistent sur la proximitĂ© et la na ... 7En raison de la critique qu’elles dĂ©ploient, les Ă©thiques de vulnĂ©rabilitĂ© s’inscrivent donc dans un rapport d’opposition avec les Ă©thiques de justice. Toutefois, bien qu’elles aient accompli dans les derniĂšres annĂ©es un travail colossal autour de l’analyse du concept de vulnĂ©rabilitĂ©, elles butent sur le problĂšme de sa teneur normative et du fondement de l’obligation morale qui en dĂ©coulerait. C’est prĂ©cisĂ©ment Ă  ce problĂšme que s’attaque Robert Goodin dans son livre Protecting the Vulnerable8 dont l’objectif est de fonder une responsabilitĂ© sociale et collective Ă  l’égard des personnes et des groupes vulnĂ©rables, dans les devoirs habituellement reconnus dans la pensĂ©e libĂ©rale. Le livre de Goodin est la premiĂšre rĂ©flexion systĂ©matique sur la vulnĂ©rabilitĂ© moralement problĂ©matique9 et les obligations ou la responsabilitĂ© qu’elle gĂ©nĂšre. Goodin ne cherche pas Ă  fonder la responsabilitĂ© dans la vulnĂ©rabilitĂ©, mais plutĂŽt dans les devoirs que nous nous reconnaissons habituellement. Il dĂ©montre aussi pourquoi cette responsabilitĂ© ne vaut pas qu’à l’égard des personnes qui nous sont proches ou avec qui nous sommes en relation10, mais qu’elle s’étend Ă  toutes les personnes et groupes vulnĂ©rables, et peut-ĂȘtre aussi Ă  d’autres ĂȘtres ou objets tels que les animaux, l’environnement, les gĂ©nĂ©rations futures, les paysages, etc. Ce faisant, il fournit aux Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© un fondement qu’elles tardent Ă  reconnaĂźtre comme valable. 8L’objectif de ce texte est de rappeler l’importance de la contribution en philosophie morale de Robert Goodin Ă  la rĂ©flexion sur la vulnĂ©rabilitĂ©, que les travaux plus rĂ©cents menĂ©s par les Ă©thiciennes du care et les thĂ©oriciennes fĂ©ministes ont dĂ©prĂ©ciĂ©e ou mise de cĂŽtĂ©. La thĂšse que dĂ©fend Goodin est que nous avons, individuellement et collectivement, des responsabilitĂ©s fortes Ă  l’égard d’un large Ă©ventail de personnes, et non seulement Ă  l’égard de celles qui nous sont proches ou envers qui nous nous engageons volontairement. Nous avons des responsabilitĂ©s fortes envers toutes les personnes qui sont vulnĂ©rables Ă  l’égard de nos actions et de nos choix. 9La premiĂšre partie de ce texte prĂ©sente l’analyse des devoirs menĂ©es par Goodin, qui lui sert Ă  montrer que la teneur normative des devoirs moraux — le fondement de l’obligation morale — ne rĂ©side pas dans la volontĂ©, mais dans la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. La vulnĂ©rabilitĂ© engendrerait une obligation morale, une responsabilitĂ©, que Goodin Ă©nonce sous la forme d’un principe — le Principe de protection des personnes vulnĂ©rables — qui se dĂ©cline en trois principes de responsabilitĂ©. La deuxiĂšme partie de ce texte prĂ©sente les grandes lignes du Principe de protection des personnes vulnĂ©rables et ses trois variations. Ce principe fait de l’État le destinataire principal de la responsabilitĂ© ou du devoir moral car c’est lui qui possĂšde le pouvoir d’action le plus efficace pour prĂ©venir les torts auxquels sont exposĂ©es les personnes. L’État a un pouvoir important pour prĂ©venir plus particuliĂšrement la vulnĂ©rabilitĂ© qui dĂ©coule des relations d’exploitation. C’est ce qui fait l’objet, briĂšvement, de la troisiĂšme partie. Enfin, la quatriĂšme partie fait ressortir trois raisons qui mettent en lumiĂšre l’intĂ©rĂȘt actuel de la contribution de Goodin. I. La vulnĂ©rabilitĂ© comme source des devoirs moraux 11 Voir n. ci-dessus. 10Dans leur texte introductif Ă  Vulnerability. New Essays in Ethics and Feminist Philosophy, Catriona Mackenzie, Wendy Rogers et Susan Dodds11 estiment qu’une Ă©thique ou une thĂ©orie de la vulnĂ©rabilitĂ© devrait pouvoir rĂ©pondre Ă  quatre questions qu’est-ce que la vulnĂ©rabilitĂ© ? pourquoi la vulnĂ©rabilitĂ© gĂ©nĂšre-t-elle des obligations morales et des devoirs de justice ? Ă  qui revient la responsabilitĂ© premiĂšre de rĂ©pondre Ă  la vulnĂ©rabilitĂ© ? de quelle maniĂšre s’acquitter le mieux de nos obligations envers les personnes vulnĂ©rables ? 12 Plusieurs des critiques faites Ă  Goodin par les thĂ©oriciennes fĂ©ministes porteront d’ailleurs sur ... 11L’ouvrage de Goodin rĂ©pond beaucoup trop rapidement et de maniĂšre incomplĂšte Ă  la premiĂšre question — j’y reviendrai plus loin12. Mais il apporte une rĂ©ponse plus solide et mieux Ă©tayĂ©e Ă  la deuxiĂšme et Ă  la troisiĂšme questions. La thĂšse de Goodin part d’une intuition morale nous nous reconnaissons des devoirs particuliers Ă  l’égard de ceux qui nous sont proches famille, amis, concitoyens et contractants de mĂȘme qu’à l’égard de ceux envers qui nous nous sommes engagĂ©s. Nous considĂ©rons aussi que ces devoirs particuliers constituent des revendications morales fortes qui surpassent tout devoir gĂ©nĂ©ral positif d’aider autrui les rĂ©fugiĂ©s syriens ou africains, par exemple. C’est sur ce dernier point que notre intuition nous trompe, selon Goodin, pour qui les devoirs particuliers ne seraient pas, en fait, si particuliers. Pourquoi ? Parce que ces devoirs n’ont pas leur source dans un engagement volontaire de notre part, mais plutĂŽt dans la vulnĂ©rabilitĂ© d’autrui. Or, si la vulnĂ©rabilitĂ© est la source de nos obligations particuliĂšres, il n’y a pas de raison pour qu’elle n’entraĂźne pas aussi des devoirs plus larges, Ă  l’égard de toutes les personnes vulnĂ©rables et non seulement Ă  l’égard de celles avec qui nous avons des relations particuliĂšres. Nos obligations positives envers les autres en gĂ©nĂ©ral — les devoirs gĂ©nĂ©raux positifs — auraient donc la mĂȘme force morale que nos devoirs particuliers, c’est-Ă -dire la mĂȘme force morale que les devoirs qui dĂ©coulent de nos engagements volontaires. 12Pour bien saisir l’argumentation de Goodin, il est utile de revoir avec lui les quatre types de devoirs moraux que l’on retrouve dans la philosophie des droits. Le schĂ©ma suivant indique l’ordre de prioritĂ© de ces types de devoirs sur le plan normatif. Les devoirs de la catĂ©gorie 1 sont les plus contraignants et ceux de la catĂ©gorie 4, les moins contraignants. Devoirs nĂ©gatifs Devoirs positifs Devoirs gĂ©nĂ©raux 1 4 Devoirs particuliers 2 3 13Les devoirs gĂ©nĂ©raux concernent tous les ĂȘtres humains pris de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, alors que les devoirs particuliers concernant certaines personnes prises singuliĂšrement, des proches ou les membres de groupes particuliers. Les devoirs nĂ©gatifs sont des devoirs d’abstention ne pas faire de tort Ă  autrui, devoirs de non nuisance ou de non malfaisance alors que les devoirs positifs sont des devoirs de faire quelque chose. 13 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 22. 14 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 20. 15 Cette intuition morale a Ă©tĂ© maintes fois confirmĂ©e en philosophie morale expĂ©rimentale en soumett ... 14Dans la littĂ©rature philosophique de tradition libĂ©rale, le devoir nĂ©gatif de ne pas causer de tort aux autres en gĂ©nĂ©ral 1 est toujours prioritaire par rapport Ă  n’importe quel devoir positif d’aider les autres en particulier 313. Les devoirs gĂ©nĂ©raux nĂ©gatifs 1 sont donc plus stricts et contraignants que les devoirs positifs. C’est pourquoi ils sont renforcĂ©s par des lois, ce qui n’est habituellement pas le cas des seconds. Par exemple, le devoir de ne pas envoyer de nourriture empoisonnĂ©e aux pauvres des pays qui ont besoin d’assistance devoir gĂ©nĂ©ral nĂ©gatif est plus contraignant que le devoir de leur envoyer de la nourriture devoir gĂ©nĂ©ral positif14. L’intuition morale sous-jacente est qu’il est pire de faire du tort Ă  quelqu’un que de refuser de l’aider15. 15Pour ce qui est des devoirs particuliers, aucune prioritĂ© ne s’applique les devoirs des catĂ©gories 2 et 3 sont Ă©gaux. Dans le cadre des relations interpersonnelles ou contractuelles, il est aussi blĂąmable de ne pas s’acquitter de ses obligations positives que d’agir en portant prĂ©judice Ă  quelqu’un. Mais ces deux types de devoirs pĂšsent davantage que les devoirs positifs d’aider autrui en gĂ©nĂ©ral 4, bien que, prĂ©cise Goodin, on reconnaisse des exceptions qui prennent en compte le degrĂ© du tort en cause. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, je devrai protĂ©ger mes enfants 3 avant de sauver des Ă©trangers 4, mais il peut ĂȘtre moins obligatoire de protĂ©ger mes enfants d’un tort mineur 3 que de sauver la vie d’un Ă©tranger 4. 16 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 26-27. 16Ayant rappelĂ© cette hiĂ©rarchie des types de devoirs moraux, Goodin examine les mauvaises raisons pour lesquelles les devoirs gĂ©nĂ©raux positifs 4 sont considĂ©rĂ©s comme surĂ©rogatoires et non contraignants. Il veut montrer que rien ne justifie qu’ils soient systĂ©matiquement supplantĂ©s par les devoirs particuliers 2 et 3 ; que les devoirs de type 4 ne sont pas, sur le plan de l’obligation, distincts des devoirs particuliers. À son avis, les considĂ©rations qui font que les devoirs de justice sont moralement contraignants — des considĂ©rations justement relatives Ă  la vulnĂ©rabilitĂ© particuliĂšre d’une personne vis-Ă -vis une autre — donnent lieu Ă©galement Ă  des devoirs de bienfaisance beaucoup plus Ă©tendus16 ». 17 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 33. 18 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 17Pour ce faire, il attaque la thĂšse volontariste selon laquelle les devoirs particuliers sont moralement contraignants parce qu’ils sont le fait de la volontĂ© des individus. Le fait qu’on s’y soit volontairement engagĂ© ferait en sorte qu’ils deviennent prioritaires par rapport aux devoirs moraux gĂ©nĂ©raux 4. Or Goodin observe que la thĂšse volontariste ne s’applique pas Ă  tous les devoirs particuliers que nous nous reconnaissons habituellement. Par exemple, ce n’est pas parce que nous nous y sommes engagĂ©s que nous avons des obligations envers nos enfants, mais parce qu’ils sont dĂ©pendants de nous et totalement vulnĂ©rables Ă  notre Ă©gard17. C’est donc la dĂ©pendance et la vulnĂ©rabilitĂ© plutĂŽt que les actes volontaires de la volontĂ© qui fondent nos devoirs moraux les plus fondamentaux », ainsi que le fait d’ĂȘtre en position de faire quelque chose18. Cela est vrai pour nos obligations envers nos enfants, mais cela est vrai aussi, estime Goodin, pour toutes les obligations particuliĂšres. Ces obligations morales dĂ©coulent de la vulnĂ©rabilitĂ© de personnes Ă  l’égard de nos actions et de nos choix. 19 R. E. Flathman, Political Obligation Studies in Political Theory, New York, Atheneum, 1972, p. 2 ... 20 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 18Goodin reprend ici l’exemple donnĂ© par Flathman Si A, sĂ©rieusement blessĂ©, ordonne Ă  B un parfait inconnu mais la seule personne prĂ©sente d’appeler une ambulance pour lui, ni la lĂ©gitimitĂ© de la requĂȘte de A, ni l’obligation d’obĂ©ir de B ne dĂ©pendent du consentement de B19. » La lĂ©gitimitĂ© de la requĂȘte de A et l’obligation de B d’y rĂ©pondre dĂ©coulent du fait que B est la seule personne en position d’aider » et que A est totalement dĂ©pendant de B. Dans de telles conditions, B a des responsabilitĂ©s particuliĂšres auxquelles il n’a pas consenti et qui ne sont pas endossĂ©es dans tous les sens du terme20 ». 21 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 19Pour Goodin, c’est lĂ  le facteur crucial ce qui compte sur le plan de l’obligation, c’est la vulnĂ©rabilitĂ©. C’est le besoin dans lequel se trouve une personne et le fait d’ĂȘtre en position d’aider qui impose Ă  quelqu’un en particulier un tel devoir21. La thĂšse de Goodin est la suivante 22 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 35-36. Il existe bien des obligations particuliĂšres qui dĂ©coulent de nos engagements volontaires. Mais ce qui fait que ces obligations sont moralement contraignantes, Ă  mon avis, ce sont les vulnĂ©rabilitĂ©s que ces engagements engendrent ; et ces vulnĂ©rabilitĂ©s ne sont qu’une forme parmi d’autres de vulnĂ©rabilitĂ© Ă  laquelle nous devons rĂ©pondre moralement. Par consĂ©quent, le modĂšle de la vulnĂ©rabilitĂ© est un modĂšle plus gĂ©nĂ©ral, capable de subsumer et de transcender le modĂšle des obligations volontairement attribuĂ©es22. 23 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 44. 24 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 44. 20Pour mieux illustrer sa thĂšse, Goodin prend l’exemple de la promesse. Celle-ci est bien le fait d’un acte de la volontĂ©. Toutefois, ce n’est pas parce qu’elle est volontaire qu’elle est contraignante, mais parce qu’elle gĂ©nĂšre des attentes de la part d’autrui, des attentes qui rendent autrui dĂ©pendant par rapport Ă  celui qui a promis. Sur le plan moral, insiste Goodin, la promesse n’importe que parce que quelqu’un dĂ©pend de ce que l’on s’est engagĂ© Ă  faire. La personne Ă  qui elle est faite engage un plan de vie Ă  partir de cette promesse. Ainsi, ce qui est caractĂ©ristique dans la promesse, ce n’est pas qu’elle soit un acte volontaire, mais plutĂŽt qu’elle engendre des attentes qui configurent des Ă©lĂ©ments essentiels dans les plans que forment les autres23. Si la promesse entraĂźne des obligations particuliĂšres, c’est seulement parce que les autres comptent sur vous pour que vous vous en acquittiez. C’est leur vulnĂ©rabilitĂ©, beaucoup plus que n’importe quel acte de volontĂ©, qui explique la force morale de l’obligation de la promesse24. » 21Goodin analyse aussi d’autres formes d’obligations particuliĂšres telles que les obligations engagĂ©es par les contrats, celles qui concernent les relations d’affaire, les obligations liĂ©es Ă  l’éthique professionnelle, et les obligations envers la famille, les amis, les bienfaiteurs, pour montrer que son modĂšle fondĂ© sur la vulnĂ©rabilitĂ© justifie mieux les devoirs particuliers que le modĂšle volontariste. Dans tous ces types de situations, il Ă©tablit que l’obligation morale ne rĂ©side pas dans l’agent, mais provient de la vulnĂ©rabilitĂ©. Il en ressort que nous avons des responsabilitĂ©s fortes Ă  l’égard d’un large Ă©ventail de personnes individuellement ou collectivement et non seulement Ă  l’égard de celles envers qui nous nous engageons volontairement. Et que nous avons de telles responsabilitĂ©s envers toutes les personnes qui sont vulnĂ©rables Ă  l’égard de nos actions et de nos choix. Ce mĂȘme critĂšre fournira l’ancrage d’une responsabilitĂ© personnelle, internationale, intergĂ©nĂ©rationnelle et environnementale beaucoup plus large. II. Le principe de protection des personnes vulnĂ©rables 22Je l’ai Ă©voquĂ© plus haut, Goodin n’apporte pas une rĂ©ponse trĂšs Ă©tayĂ©e Ă  la question qu’est-ce que la vulnĂ©rabilitĂ© ? ». Il se contente d’une dĂ©finition gĂ©nĂ©rale qu’il emprunte Ă  l’Oxford Dictionary 25 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 110. Quelque chose est vulnĂ©rable s’il peut ĂȘtre blessĂ© wounded, soit littĂ©ralement, soit au figurĂ© ; s’il est susceptible de blessure, n’est pas Ă  l’épreuve des armes, de la critique, etc. [
] Sur le plan conceptuel, la vulnĂ©rabilitĂ© est essentiellement le fait d’ĂȘtre menacĂ© par un tort25 
 26 Sur cette question, voir le chapitre 4 de Goodin, Protecting the Vulnerable. 27 Pour en faire la liste, Goodin se rĂ©fĂšre librement et surtout Ă  titre d’exemple Ă  celle qu’en donn ... 28 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 111. 23Il suffit pour Goodin de dĂ©finir la vulnĂ©rabilitĂ© comme la possibilitĂ© d’ĂȘtre blessĂ©, de subir un tort, ou qu’un prĂ©judice soit causĂ© Ă  nos intĂ©rĂȘts. Un tort est dĂ©fini comme une atteinte au bien-ĂȘtre ou aux intĂ©rĂȘts moralement pertinents. Ceux-ci ne se restreignent pas aux intĂ©rĂȘts matĂ©riels ou physiques, mais aussi aux sentiments, donc au bien-ĂȘtre psychologique26. Les intĂ©rĂȘts moralement pertinents concernent les biens premiers27 ou les moyens nĂ©cessaires pour toute fin qu’une personne est en droit de choisir de poursuivre28 ». L’analyse conceptuelle peut s’arrĂȘter ici, Goodin dispose d’un concept suffisamment opĂ©ratoire, selon lui, pour dĂ©signer les situations auxquelles s’appliquent les devoirs moraux engendrĂ©s par la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. Il reste Ă  voir comment s’opĂ©rationnalise ce devoir, cette obligation de prĂ©venir ou d’empĂȘcher les torts, ou encore de venir au secours des personnes vulnĂ©rables ; cette responsabilitĂ© de protĂ©ger les personnes vulnĂ©rables. C’est ce en quoi consiste l’exposĂ© du Principe de protection des personnes vulnĂ©rables PPV. 24Ce principe gĂ©nĂ©ral se dĂ©cline en trois niveaux de responsabilitĂ© un principe de responsabilitĂ© individuelle qui fait obligation aux individus d’agir de maniĂšre Ă  protĂ©ger les intĂ©rĂȘts des personnes sur lesquels ils ont un pouvoir d’agir ; un principe de responsabilitĂ© collective qui fait obligation Ă  la collectivitĂ© de s’organiser et de mettre en place un plan d’actions coordonnĂ©es pour protĂ©ger les intĂ©rĂȘts des personnes vulnĂ©rables sur lesquels la collectivitĂ© a un pouvoir d’agir ; un deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle qui fait obligation aux personnes qui appartiennent Ă  la collectivitĂ© visĂ©e par le principe de responsabilitĂ© collective, de s’assurer que la collectivitĂ© s’acquitte de sa responsabilitĂ© collective Ă  l’égard des personnes vulnĂ©rables. Il fait aussi obligation aux personnes qui appartiennent Ă  la collectivitĂ© de s’acquitter des responsabilitĂ©s qui leur sont individuellement dĂ©volues dans le cadre du plan d’actions coordonnĂ©es auquel donne lieu le principe de responsabilitĂ© collective. 25Le PPV explicite la rĂ©partition de la responsabilitĂ© dans le cas de la responsabilitĂ© collective en fonction des ressources de chacun, son degrĂ© de responsabilitĂ©, et tient compte de la hiĂ©rarchisation des responsabilitĂ©s en conflit. Autrement dit, le principe prescrit Ă  qui appartient la responsabilitĂ©. 26Voyons plus en dĂ©tail ces principes. Le premier principe de responsabilitĂ© individuelle s’énonce comme suit 29 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 118. Si les intĂ©rĂȘts de A sont vulnĂ©rables en regard des actions et des choix de B, B a la responsabilitĂ© le devoir particulier de protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de A ; le degrĂ© de cette responsabilitĂ© dĂ©pend du degrĂ© avec lequel B peut affecter les intĂ©rĂȘts de A29. 27Ce premier principe, formel, qui dĂ©coule simplement de l’argumentation prĂ©cĂ©dente, n’est toutefois pas suffisant pour assurer la protection des personnes vulnĂ©rables. Dans la plupart des cas, les intĂ©rĂȘts de A sont vulnĂ©rables en regard des actions de plusieurs B et l’action d’un seul B ne change rien Ă  la situation de vulnĂ©rabilitĂ©. La responsabilitĂ© devient alors collective ; elle devient celle de tous les B. 28La responsabilitĂ© collective peut ĂȘtre disjonctive ou conjonctive. Elle est dite disjonctive s’il suffit qu’une seule personne intervienne pour aider A. Les autres B sont alors dĂ©chargĂ©s de leur responsabilitĂ© d’agir. Par exemple, si A est en train de se noyer, dĂšs qu’un B intervient, les autres B n’ont plus Ă  le faire. Quel B est alors responsable ? Dans tous les cas de responsabilitĂ© disjonctive, rĂ©pond Goodin, chacun est entiĂšrement responsable pour la totalitĂ© du tort. Mais c’est la personne la plus apte Ă  aider qui possĂšde la responsabilitĂ© premiĂšre le meilleur nageur, la personne la plus proche
. Cependant, tous ceux qui sont capables d’aider possĂšdent une responsabilitĂ© rĂ©siduelle au cas oĂč le premier responsable ne pourrait pas aider. Ils possĂšdent aussi une responsabilitĂ© continue de s’assurer que leur assistance n’est pas requise. La limite de la responsabilitĂ© est toujours le besoin de la personne vulnĂ©rable et la capacitĂ© de la personne responsable d’agir efficacement. 29La responsabilitĂ© collective est conjonctive lorsque A est vulnĂ©rable Ă  l’égard de plusieurs B pris collectivement. C’est le cas lorsque l’aide requise ne peut pas venir d’une seule personne, mais requiert l’intervention de tout un groupe de personnes. Par exemple, le sauvetage d’une embarcation de rĂ©fugiĂ©s en mer MĂ©diterranĂ©e requiert l’aide coordonnĂ©e de tous les marins du bateau de sauvetage. 30 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 136. 30Dans tous les cas de responsabilitĂ© collective, que la responsabilitĂ© soit disjonctive ou conjonctive, la responsabilitĂ© requiert de coordonner les efforts de plusieurs individus30 ». D’oĂč ce principe de responsabilitĂ© collective 31 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 136. Si les intĂ©rĂȘts de A sont vulnĂ©rables par rapport aux actions et aux choix d’un groupe d’individus, que ce soit de maniĂšre disjonctive ou conjonctive, alors ce groupe a la responsabilitĂ© particuliĂšre a de s’organiser formellement ou informellement et b de mettre en place un plan pour coordonner les actions des membres du groupe de maniĂšre Ă  ce que les intĂ©rĂȘts de A soient protĂ©gĂ©s aussi bien qu’ils peuvent l’ĂȘtre par le groupe, en tenant compte des autres responsabilitĂ©s du groupe31. 31Goodin prĂ©cise que le degrĂ© de responsabilitĂ© dĂ©pend du degrĂ© de vulnĂ©rabilitĂ© de A. Il ajoute aussi que la responsabilitĂ© du groupe Ă  l’égard de A peut ĂȘtre surpassĂ©e par des responsabilitĂ©s plus grandes Ă  l’égard d’autres personnes vulnĂ©rables. 32 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 137. 32Le principe de responsabilitĂ© collective comprend l’obligation de s’organiser et de se coordonner de maniĂšre Ă  ce que l’aide ne soit pas confuse et chaotique »32. Pour s’en assurer, Goodin Ă©nonce un troisiĂšme principe qu’il dĂ©signe comme deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle Si B est membre d’un groupe qui est responsable, en vertu du Principe de responsabilitĂ© collective, de protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de A, alors B a la responsabilitĂ© 33a de veiller Ă  ce que, autant qu’il le peut, le groupe organise un plan d’action collectif Ă  mĂȘme de protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de A aussi bien qu’il le peut, en tenant compte des autres responsabilitĂ©s du groupe ; 33 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 139. 34b de s’acquitter complĂštement et efficacement des responsabilitĂ©s qui lui reviennent en vertu d’un tel plan, autant que cela est compatible avec ses autres responsabilitĂ©s morales et dans la mesure oĂč ce plan protĂšge les intĂ©rĂȘts de A mieux que s’il n’y avait aucun plan33. 35Ici encore, ce principe est modulĂ© par les considĂ©rations suivantes. Le degrĂ© de responsabilitĂ© dĂ©pend de l’impact que les actions et les choix de B peuvent avoir sur les intĂ©rĂȘts de A, directement clause b ou indirectement son influence sur le groupe pour qu’il organise un plan collectif pour protĂ©ger les intĂ©rĂȘts de A relativement Ă  la clause a. Ensuite, les ressources que B doit consacrer Ă  chacune de ces tĂąches dĂ©pendent de son efficacitĂ© Ă  poursuivre chacune d’elles et du poids de ces responsabilitĂ©s en regard d’autres responsabilitĂ©s conflictuelles que B pourrait avoir Ă  l’égard d’autres personnes. Enfin, B ne devrait pas prendre pour acquis qu’un plan d’action collectif et coordonnĂ© fonctionnera toujours parfaitement. Chaque B pris individuellement possĂšde une responsabilitĂ© rĂ©siduelle de surveiller le fonctionnement du plan pour s’assurer que les personnes vulnĂ©rables sont protĂ©gĂ©es, de faire pression pour qu’on y apporte des ajustements, qu’on le rĂ©organise ou qu’on le remplace s’il ne fonctionne pas. III. PrĂ©venir les relations d’exploitation 34 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 111. 36Le PPV est une injonction de prĂ©venir les torts qui s’adresse d’abord aux personnes individuelles dans la mesure de leurs moyens et en fonction de leur situation par rapport aux personnes vulnĂ©rables. Mais si on veut bien en saisir la portĂ©e, il faut surtout le penser comme destinĂ© Ă  l’État, au politique, en tant qu’instance exĂ©cutrice de la responsabilitĂ© de la collectivitĂ© des individus responsables. Le deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle est clair quant au fait que les personnes individuelles ont la responsabilitĂ© sociale et politique de faire pression sur les dĂ©cideurs pour que soient adoptĂ©es des politiques qui prennent en charge la vulnĂ©rabilitĂ© des personnes. Le PPV est donc un principe de responsabilitĂ© sociale de l’État tournĂ© vers l’assistance Ă  ceux qui sont dans le besoin34. 35 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 190. 36 E. C. Gilson, The Ethics of Vulnerability. A Feminist Analysis of Social Life and Practice Studie ... 37Pour Goodin d’ailleurs, il importe peu que les vulnĂ©rabilitĂ©s soient naturelles ou sociales puisque les premiĂšres sont de toutes façons toujours mĂ©diĂ©es par nos arrangements sociaux et institutionnels35. Pour cette raison, l’origine, la source ou la cause de la vulnĂ©rabilitĂ© ne sont pas des critĂšres moralement pertinents. Ce qui est moralement pertinent c’est la possibilitĂ© que le tort soit prĂ©venu ou corrigĂ© et qu’un agent moral soit en mesure de le faire. Si cette possibilitĂ© existe, elle vient avec la responsabilitĂ© de chercher Ă  rĂ©duire autant que possible la vulnĂ©rabilitĂ© en modifiant les arrangements sociaux qui y contribuent36 ». 37 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 192. 38Ici, ce Ă  quoi s’attaque plus prĂ©cisĂ©ment Goodin en appelant Ă  une nouvelle analyse de nos responsabilitĂ©s sociales sous-titre de son livre, c’est la vulnĂ©rabilitĂ© gĂ©nĂ©rĂ©e par les relations d’exploitation. Il est certainement impossible et probablement non souhaitable d’éliminer toutes les formes de vulnĂ©rabilitĂ©. Les ĂȘtres humains, en raison de leur nature sociale, sont dĂ©pendants Ă©conomiquement, biologiquement, politiquement, etc. les uns des autres et c’est cette nĂ©cessaire interdĂ©pendance qui engendre la vulnĂ©rabilitĂ©. Toutes les formes de dĂ©pendances ne sont pas forcĂ©ment indĂ©sirables et il n’est pas certain que l’on doive chercher Ă  rĂ©duire toutes les vulnĂ©rabilitĂ©s. Ce qui doit ĂȘtre modifiĂ©, ce sont les conditions qui favorisent l’exploitation37. Cette vulnĂ©rabilitĂ© est injuste et doit ĂȘtre Ă©vitĂ©e. Aussi, la premiĂšre responsabilitĂ©, et le sens du PPV, est de prĂ©venir ces relations d’exploitation. 38 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 195-196 ; Gilson, The Ethics of Vulnerability, p. 27. 39Les relations d’exploitation sont celles dans lesquelles il y a une asymĂ©trie de pouvoir entre deux parties la partie vulnĂ©rable a besoin de ce qui est fourni par la partie dominante ; la partie vulnĂ©rable n’a accĂšs Ă  ce dont elle a besoin qu’à travers une relation avec la partie dominante ; et la partie dominante contrĂŽle ces ressources et peut les retenir38. Face Ă  ce type de relation, l’État — l’État providence le Welfare State — est le plus responsable en vertu des trois formulations du PPV. L’État a la responsabilitĂ© d’exercer un rĂŽle prĂ©ventif et correctif en fournissant les ressources lui-mĂȘme ou en y assurant l’accĂšs afin d’empĂȘcher que des personnes se trouvent dans de telles relations d’exploitation. La gestion de la distribution de ces ressources par l’État fait en sorte que ceux dont c’est la fonction de distribuer ces ressources fonctionnaires, commis de l’État ne soient pas en charge de dĂ©cider qui doit les recevoir — contrairement Ă  ce qui est souvent le cas dans la fonction publique de certains États. IV. L’intĂ©rĂȘt de la contribution de Goodin 39 M. U. Walker, Moral Understandings A Feminist Study in Ethics, New York, Routledge, 1998. 40Ce qui distingue fondamentalement le PPV des Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ©, c’est son recours Ă  une thĂ©orie des devoirs pour fonder la responsabilitĂ© envers les personnes vulnĂ©rables, alors que les Ă©thiciennes de la vulnĂ©rabilitĂ© considĂšrent qu’il faut plutĂŽt procĂ©der Ă  une critique et Ă  une dĂ©construction des structures sociales de classe et de genre qui transforment certaines situations en situations de vulnĂ©rabilitĂ© pathogĂšne. Par exemple, Margaret Urban Walker39 estime que l’attribution des responsabilitĂ©s en fonction d’un critĂšre comme celui de Goodin — ĂȘtre celui qui est en position de porter assistance Ă  une personne vulnĂ©rable — repose sur des comprĂ©hensions et des reprĂ©sentations contingentes et non questionnĂ©es par exemple, le fait que la responsabilitĂ© de prendre soin d’un enfant soit presque toujours assignĂ©e d’abord Ă  la mĂšre puisqu’elle est la plus en situation de le faire. Walker considĂšre que beaucoup de ces assignations de responsabilitĂ© se rĂ©vĂšlent inefficaces, car elles ne permettent pas de rĂ©pondre correctement aux besoins des personnes dĂ©pendantes, et crĂ©ent une vulnĂ©rabilitĂ© supplĂ©mentaire — celle des mĂšres ou autres aidantes, par exemple. Elle critique le lien unidirectionnel que fait Goodin entre vulnĂ©rabilitĂ© et responsabilitĂ© la vulnĂ©rabilitĂ© entraĂźnant la responsabilitĂ©, sans voir qu’en retour l’attribution des responsabilitĂ©s peut engendrer une vulnĂ©rabilitĂ© accrue, soit des aidants, soit des personnes vulnĂ©rables. 40 Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability ». 41 Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability », p. 184. 41Susan Dodds, pour sa part, reproche Ă  Goodin de ne pas faire de distinction entre vulnĂ©rabilitĂ© et dĂ©pendance40. Pour Dodds, la dĂ©pendance est un type de vulnĂ©rabilitĂ©, mais toutes les vulnĂ©rabilitĂ©s ne sont pas des dĂ©pendances. La distinction est importante Ă  faire car la vulnĂ©rabilitĂ©-dĂ©pendance requiert une rĂ©ponse Ă©thique diffĂ©rente de la vulnĂ©rabilitĂ©-non-dĂ©pendance. La rĂ©ponse Ă  la premiĂšre relĂšve du care, une rĂ©ponse personnalisĂ©e et singularisĂ©e qui passe par des soins proches et personnels ; la seconde requiert des mesures gĂ©nĂ©rales de prĂ©vention, de correction ou d’attĂ©nuation ou encore des pratiques institutionnelles qui rĂ©pondent aux besoins des personnes et promeuvent leur autonomie41. 42Ces critiques ne sont pas les seules, mais elles reviennent frĂ©quemment. Elles ne diminuent pas, toutefois, l’importance qu’il faut accorder Ă  la rĂ©flexion de Goodin et qui repose, selon moi, sur trois raisons. La premiĂšre, c’est que le PPV et la valeur de responsabilitĂ© constituent des Ă©lĂ©ments Ă©thico-moraux utiles pour l’éthique appliquĂ©e — laquelle s’intĂ©resse aux dĂ©cisions pratiques concrĂštes et singuliĂšres. Le PPV et la valeur de responsabilitĂ© peuvent ĂȘtre convoquĂ©s dans la dĂ©libĂ©ration Ă©thique sur la base des valeurs, et motiver une dĂ©cision pratique ; ce qui ne peut pas ĂȘtre le cas pour la vulnĂ©rabilitĂ© puisqu’elle n’est pas une finalitĂ© Ă  rechercher. La vulnĂ©rabilitĂ© ne peut ĂȘtre prise en compte, dans la dĂ©libĂ©ration Ă©thique, que si on considĂšre qu’elle donne lieu Ă  une valeur, Ă  une obligation ou Ă  un principe sur lesquels on peut dĂ©libĂ©rer. C’est cette traduction de la vulnĂ©rabilitĂ© en un Ă©lĂ©ment Ă©thico-moral qu’effectue Goodin. 43La deuxiĂšme raison est que le principe de responsabilitĂ© collective 2e principe et le deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle 3e principe structurent une responsabilitĂ© collective qui n’annule pas la responsabilitĂ© individuelle. D’abord, il est vrai que la responsabilitĂ© collective s’adresse au corps social et politique qui doit s’assurer que des moyens soient pris pour protĂ©ger les plus vulnĂ©rables sans tomber dans le paternalisme et ainsi prĂȘter le flanc Ă  une autre critique. Cette responsabilitĂ© collective a l’avantage d’éviter de restreindre la prise en compte de la vulnĂ©rabilitĂ© aux relations interpersonnelles pour plutĂŽt la traduire en obligations politiques qui dĂ©chargent les personnes individuelles par exemple les proches aidants de responsabilitĂ©s trop lourdes susceptibles d’engendrer Ă  leur tour de nouvelles vulnĂ©rabilitĂ©s dites pathogĂšnes. Mais la responsabilitĂ© collective concerne quand mĂȘme les individus deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle elle appelle le citoyen Ă  demeurer alerte et vigilant en s’assurant que les niveaux politique, administratif, juridique mettent en place les moyens d’assurer cette responsabilitĂ© collective. L’individu ne peut pas se dĂ©responsabiliser en disant que ce sont les autoritĂ©s qui ne remplissent pas leurs obligations. 42 B. LatanĂ© – J. Darley, The Unresponsive Bystander. Why Doesn’t He Help? The Century Psychology Se ... 43 LatanĂ© – Darley, The Unresponsive Bystander, p. 91, citĂ© par M. Terestchenko, Un si fragile vernis ... 44 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 135. 45 Il s’agit d’une recommandation que l’on trouve dans L. BĂ©gin – D. Rondeau – N. Marchand, L’effondr ... 44Enfin, ce deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle est important au regard des travaux en psychosociologie expĂ©rimentale portant sur l’érosion ou la dilution de la responsabilitĂ©. Les chercheurs Bibb LatanĂ© et John Darley42 ont montrĂ© que lorsque plusieurs personnes sont en situation de porter assistance Ă  une personne en danger, une majoritĂ© d’entre elles vont considĂ©rer qu’elles n’ont pas Ă  intervenir puisque d’autres personnes sont lĂ  et vont le faire. Chaque individu rationalise sa propre inaction en se convainquant lui-mĂȘme que “quelqu’un d’autre doit ĂȘtre en train de faire quelque chose”43 ». Ainsi, personne n’intervient. Le deuxiĂšme principe de responsabilitĂ© individuelle vient rappeler que le degrĂ© de responsabilitĂ© de chacun ne varie pas en fonction du nombre de personnes prĂ©sentes. Comme l’écrit Goodin, la division de la responsabilitĂ© au prorata des personnes responsables est sans fondement sur le plan moral44. Bien sĂ»r, ce seul principe ne peut pas changer la psychologie humaine. Mais ce que l’on peut retenir des travaux de LatanĂ© et Darley, c’est l’importance de renforcer le sentiment de responsabilitĂ© individuelle, par exemple dans le cadre d’une Ă©ducation Ă  l’éthique et d’intĂ©grer, dans les formations en Ă©thique, la dimension psychosociologique de l’agir humain45. ⁂ 46 M. Revault d’Allonnes, Ce que l'Homme fait Ă  l'Homme. Essai sur le mal politique Couleur des idĂ©e ... 45La vulnĂ©rabilitĂ© est inhĂ©rente Ă  la vie humaine. Peut-ĂȘtre mĂȘme est-elle indispensable Ă  une vie authentiquement humaine. Elle est certainement, en tout cas, la source des Ă©motions, de l’empathie, de la sensibilitĂ© morale et de la conscience morale. Elle est probablement aussi la raison pour laquelle nous accordons une si grande valeur Ă  la vie et nous efforçons de la conserver en nous, et — de plus en plus — dans le vivant en gĂ©nĂ©ral. La vulnĂ©rabilitĂ©, c’est en quelque sorte la conscience d’ĂȘtre en Ă©quilibre au-dessus du vide. Mais c’est aussi cette vulnĂ©rabilitĂ© qui fait des ĂȘtres vivants des ĂȘtres souffrants. En ce sens, la souffrance constitue une dimension de la condition humaine. Il y a toutefois des souffrances inutiles, injustes, qui sont le fait d’ĂȘtres humains et qui n’ont pas de nĂ©cessitĂ© d’ĂȘtre. C’est sur cette souffrance, sur les injustices qu’elle crĂ©e ou qui en sont la cause, que s’efforcent de rĂ©flĂ©chir les Ă©thiques de vulnĂ©rabilitĂ©. Ou, pour reprendre l’expression forte de Myriam Revault d’Allonnes, sur le mal que l’homme fait Ă  l’homme46 » sous toutes ses formes. C’est aussi Ă  cette souffrance, en tant qu’elle est la consĂ©quence de relations sociales d’exploitation, que s’attaque Goodin en rappelant les responsabilitĂ©s sociales qui sont les nĂŽtres Ă  l’égard des personnes les plus vulnĂ©rables. 46La thĂšse de Goodin n’est sans doute pas sans failles et les critiques dont il fait l’objet doivent ĂȘtre vues comme un appel Ă  poursuivre la rĂ©flexion afin de rapprocher les Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© et du care des approches consĂ©quentialistes comme celle de Goodin. Toutefois, un des problĂšmes les plus difficiles de la philosophie morale est celui du fondement de l’obligation. À notre Ă©poque, ce fondement se doit d’ĂȘtre autorĂ©gulatoire, sans quoi l’obligation ne s’accompagne pas de la motivation nĂ©cessaire Ă  l’actualisation du contenu de l’obligation. Et ce fondement ne peut ĂȘtre autorĂ©gulatoire que si l’obligation est reconnue dans sa lĂ©gitimitĂ©, que si elle est reconnue comme un devoir avec toute sa nĂ©cessitĂ©, comme ce qui ne peut pas ne pas ĂȘtre. Ce fondement doit donc parler Ă  la raison. C’est le point fort de l’ouvrage de Goodin de s’attaquer avec succĂšs Ă  ce problĂšme. C’est aussi la principale difficultĂ© que rencontrent les approches qui s’appuient sur le souci d’autrui, la bienveillance, le sentiment que provoque en nous la vulnĂ©rabilitĂ© d’autrui. Partiaux et contingents, les sentiments ne peuvent pas constituer un fondement, ni dĂ©terminer l’agir moral juste, surtout si celui-ci doit ĂȘtre collectif, politique. Mais ils peuvent mettre sur la piste des besoins et contribuer Ă  la rĂ©flexion sur ce que sont les intĂ©rĂȘts moralement pertinents. C’est pourquoi ces deux approches doivent ĂȘtre pensĂ©es en complĂ©mentaritĂ© plutĂŽt qu’en opposition. Haut de page Notes 1 C’est notamment ce que fait valoir BrenĂ© Brown dans Le Pouvoir de la vulnĂ©rabilitĂ© la vulnĂ©rabilitĂ© est une force qui peut transformer votre vie, Paris, TrĂ©daniel, 2014. 2 C. Mackenzie – W. Rogers – S. Dodds, Introduction What is Vulnerability, and Why Does it Matter for Moral Theory? », dans Eaedem Ă©d., Vulnerability. New Essays in Ethics and Feminist Philosophy Studies in Feminist Philosophy, New York, Oxford University Press, 2013, p. 1-29. 3 Mackenzie – Rogers – Dodds, Introduction », p. 7. 4 Mackenzie – Rogers – Dodds, Introduction », p. 7. 5 Je classe Hans Jonas Ă  part. Il se soucie de la vulnĂ©rabilitĂ© accrue qui vient de l’accroissement du pouvoir humain du fait du dĂ©veloppement technoscientifique, ce qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une vulnĂ©rabilitĂ© situationnelle. À la diffĂ©rence toutefois des Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© qui portent sur la vulnĂ©rabilitĂ© des individus et des groupes sociaux, Jonas se prĂ©occupe de l’humanitĂ©, de l’environnement et de l’ĂȘtre dans sa totalitĂ©. 6 H. Thomas, Les vulnĂ©rables. La dĂ©mocratie contre les pauvres Terra, Bellecombe-en-Bauges Savoie, Éditions du Croquant, 2010. 7 L. Burgorgue Larsen, La vulnĂ©rabilitĂ© saisie par les juges en Europe Cahiers europĂ©ens 7, Paris, Pedone, 2014. 8 R. E. Goodin, Protecting the Vulnerable. A Reanalysis of our Social Responsibilities, Chicago, University Press, 1985. 9 L’expression vulnĂ©rabilitĂ© moralement problĂ©matique » dĂ©signe les formes ou les situations de vulnĂ©rabilitĂ© qui constituent un problĂšme du point de vue de la thĂ©orie morale ou de l’éthique parce qu’elles mettent en jeu des valeurs ou des normes ainsi que nos obligations Ă  l’égard d’autrui. Certains types de vulnĂ©rabilitĂ© affectent la capacitĂ© de vivre de façon autonome et les bases du respect de soi, alors que d’autres formes de vulnĂ©rabilitĂ© peuvent au contraire favoriser l’autonomie individuelle et l'estime de soi. Par exemple, Christine Straehle propose une distinction entre trois types de vulnĂ©rabilitĂ© auto-nĂ©gatrice, circonstancielle et auto-constitutive. Seules les deux premiĂšres seraient moralement problĂ©matiques. La vulnĂ©rabilitĂ© auto-constitutive dans les relations amoureuses, par exemple nous permet de rĂ©aliser une conception de nous-mĂȘmes que nous entĂ©rinons et avec laquelle nous nous prĂ©sentons au monde. Voir C. Straehle, Vulnerability, Autonomy and Self-Respect », dans Eadem Ă©d., Vulnerability, Autonomy and Applied Ethics Research in Applied Ethics 1, New York, Routledge, 2017, p. 33-48. Robert Goodin estime lui aussi que les relations amoureuses instaurent une vulnĂ©rabilitĂ© dĂ©sirable Protecting the Vulnerable, p. 193. 10 Les Ă©thiques du care et certaines Ă©thiques de la vulnĂ©rabilitĂ© insistent sur la proximitĂ© et la nature relationnelle de la vulnĂ©rabilitĂ© pour dĂ©finir les obligations des uns envers les autres. 11 Voir n. ci-dessus. 12 Plusieurs des critiques faites Ă  Goodin par les thĂ©oriciennes fĂ©ministes porteront d’ailleurs sur sa dĂ©finition trop gĂ©nĂ©rale de la vulnĂ©rabilitĂ© et l’absence de distinction entre dĂ©pendance et vulnĂ©rabilitĂ©, deux termes qu’utiliserait indistinctement Goodin. Voir S. Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability », dans Mackenzie – Rogers – Dodds Ă©d., Vulnerability, p. 181-203. 13 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 22. 14 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 20. 15 Cette intuition morale a Ă©tĂ© maintes fois confirmĂ©e en philosophie morale expĂ©rimentale en soumettant des participants Ă  des dilemmes fictifs comme celui du tramway fou. 16 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 26-27. 17 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 33. 18 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 19 R. E. Flathman, Political Obligation Studies in Political Theory, New York, Atheneum, 1972, p. 214, citĂ© par Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 20 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 21 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 34. 22 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 35-36. 23 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 44. 24 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 44. 25 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 110. 26 Sur cette question, voir le chapitre 4 de Goodin, Protecting the Vulnerable. 27 Pour en faire la liste, Goodin se rĂ©fĂšre librement et surtout Ă  titre d’exemple Ă  celle qu’en donne John Rawls dans A Theory of Justice. 28 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 111. 29 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 118. 30 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 136. 31 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 136. 32 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 137. 33 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 139. 34 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 111. 35 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 190. 36 E. C. Gilson, The Ethics of Vulnerability. A Feminist Analysis of Social Life and Practice Studies in Ethics and Moral Theory 26, New York, Routledge, 2014, p. 28. 37 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 192. 38 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 195-196 ; Gilson, The Ethics of Vulnerability, p. 27. 39 M. U. Walker, Moral Understandings A Feminist Study in Ethics, New York, Routledge, 1998. 40 Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability ». 41 Dodds, Dependance, Care, and Vulnerability », p. 184. 42 B. LatanĂ© – J. Darley, The Unresponsive Bystander. Why Doesn’t He Help? The Century Psychology Series, New Jersey, Prentice Hall, 1970. 43 LatanĂ© – Darley, The Unresponsive Bystander, p. 91, citĂ© par M. Terestchenko, Un si fragile vernis d’humanitĂ©. BanalitĂ© du mal, banalitĂ© du bien Poche 263, Paris, La DĂ©couverte, 2007, p. 175. 44 Goodin, Protecting the Vulnerable, p. 135. 45 Il s’agit d’une recommandation que l’on trouve dans L. BĂ©gin – D. Rondeau – N. Marchand, L’effondrement du viaduc de la Concorde diagnostic Ă©thique prĂ©liminaire, QuĂ©bec, Institut d’éthique appliquĂ©e, 2009 disponible sur 46 M. Revault d’Allonnes, Ce que l'Homme fait Ă  l'Homme. Essai sur le mal politique Couleur des idĂ©es, Paris, Seuil, de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Dany Rondeau, La vulnĂ©rabilitĂ© engendre-t-elle une obligation morale ? », Revue des sciences religieuses, 93/1-2 2019, 17-36. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Dany Rondeau, La vulnĂ©rabilitĂ© engendre-t-elle une obligation morale ? », Revue des sciences religieuses [En ligne], 93/1-2 2019, mis en ligne le 06 juin 2019, consultĂ© le 28 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits d'auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page Maisen examinant ce qu'il y a de plus probable lĂ  dessus, je ne vois aucune raison qui prouve que les bĂȘtes pensent, si ce n'est qu'ayant des yeux, des oreilles, une langue, et les autres organes des sens tels que nous, il est vraisemblable qu'elles aient du sentiment comme nous, et que comme la pensĂ©e est enfermĂ©e dans le sentiment que nous avons, il faut attribuer au leur ï»żIntroduction Avoir des devoirs » est une expression courante qui implique la prĂ©sence d’un sujet Ă  l’égard duquel nous sommes engagĂ©s. Il est frĂ©quent de penser que nos obligations ont pour destinataire autrui, notre semblable. Cette idĂ©e commune est sensĂ©e. La vie sociale implique des relations qui ne peuvent fonctionner qu’à la condition d’ĂȘtre organisĂ©es par des lois et intĂ©riorisĂ©es par chacun sous la forme de devoirs. Être honnĂȘte, ĂȘtre respectueux, sont des valeurs reconnues pour justes. Est-ce lĂ  la totalitĂ© de nos devoirs ? Nous parlons aussi de devoirs envers Dieu, l’État, et parfois mĂȘme les animaux et la nature. Y a-t-il un caractĂšre commun Ă  ces divers exemples ? Enfin, le devoir semble avoir une valeur rĂ©flexive au sens oĂč il s’adresse aussi Ă  nous-mĂȘmes. Ce point peut paraĂźtre curieux car il signifie que nous nous devons quelque chose. N’est-ce pas abusif et dangereux pour notre libertĂ© ? Pouvons-nous cependant sĂ©parer autrui de ce que nous sommes, si autrui est l’ autre moi » ? 1. Aux sources du devoir A. La dette Devoir » vient du verbe latin debere qui signifie avoir une dette ». Dans ses Ă©tudes sur le droit ancien, Louis Gernet nous apprend que le devoir, debitum, dĂ©signait la satisfaction que le dĂ©biteur Ă©tait tenu de fournir Ă  son crĂ©ancier. Avoir des devoirs serait donc ĂȘtre endettĂ©, et faire son devoir, honorer sa dette. Lorsque je suis redevable Ă  quelqu’un, il dispose ainsi d’un droit sur moi, et je suis son obligĂ©. L’obligation est la marque d’une dĂ©pendance reconnue. Je suis tenu de faire quelque chose envers une autre personne, Ă©tant donnĂ© une situation antĂ©rieure. Gernet indique aussi que c’est le premier sens de l’engagement. Si l’époque moderne nous a habituĂ© Ă  le concevoir, avec Sartre, comme l’action d’une libertĂ© qui dĂ©cide souverainement d’orienter son existence, il faut savoir qu’à l’origine, ce terme dĂ©signait l’état de celui qui doit acquitter le prix de sa dette. Il arrivait mĂȘme que l’on fĂ»t rĂ©duit Ă  l’esclavage faute de n’avoir pu payer ce que l’on devait. On engageait jusqu’à sa libertĂ©. B. Obligation et contrainte Ce passage par les sources archaĂŻques du devoir peut d’abord expliquer que l’opinion confonde si souvent l’obligation et la contrainte. Le cas de l’esclavage est assez parlant. Il importe cependant de faire des distinctions conceptuelles. La contrainte dĂ©signe l’action d’une force non reconnue par notre volontĂ©. Rousseau, dans le Contrat social, l’illustre par l’exemple d’un brigand me menaçant de son pistolet. Si je lui cĂšde en lui donnant mon argent, les mobiles de mon acte seront la crainte et la prudence. Ce ne sera donc pas un devoir. Rousseau distingue ainsi nettement deux façons d’obĂ©ir. L’obligation est une maniĂšre d’obĂ©ir fondĂ©e sur le sentiment que la chose doit ĂȘtre faite parce qu’elle est juste. Je me sens en conscience » tenu d’accomplir ce qui est demandĂ©. Nous retrouvons l’idĂ©e d’un dĂ» Ă  acquitter. Par exemple, aller voir un parent ĂągĂ© et devenu dĂ©sagrĂ©able est un devoir. Nous savons que nous lui devons cette visite compte tenu de ce qu’il a fait pour nous autrefois. Que cela ne nous plaise pas n’est pas une raison suffisante pour assimiler cette obligation Ă  la menace d’un malfaiteur ou d’un plus fort qui nous intimide. Le devoir n’a pas pour fondement l’agrĂ©able mais le bien. Ces points sont fondamentaux car ils expliquent pourquoi on parle de devoirs civiques ou religieux. Un croyant pense tenir sa vie de Dieu. Il est donc juste qu’il l’honore et obĂ©isse Ă  ses commandements. Un citoyen est le membre d’un État qui lui assure des droits. Il doit donc respecter ses lois. [Transition] Nous avons distinguĂ© la contrainte de l’obligation, mais pourquoi donner une place particuliĂšre Ă  autrui ? 2. Quel visage pour autrui ? A. L’associĂ© Il est temps de prĂ©ciser la figure d’autrui. Nous avons dit qu’il s’agit du semblable. Cette figure unit les dĂ©terminations du mĂȘme et de l’autre. Autrui dĂ©signe l’altĂ©ritĂ© alter signifie autre » mais sur le fond d’une communautĂ©, voire d’une identitĂ©. Il est un sujet pensant comme moi. Nous n’employons pas le mot autrui » pour dĂ©signer un animal et les croyants n’utilisent pas non plus ce terme pour parler de Dieu car ce serait lui faire perdre sa transcendance. Le sujet tient pour Ă©vident que nous avons des devoirs envers autrui. Quelle en est la raison ? En tant que semblable, autrui peut ĂȘtre vu d’au moins deux façons. Il est celui avec qui je coopĂšre au sein d’un groupe. Autrui est le socius, l’associĂ©, le partenaire rencontrĂ© Ă  travers le tissu des relations dont l’ensemble forme la sociĂ©tĂ© civile. Dans ce cas, il est juste que mes relations avec lui incluent des devoirs. Ces obligations sont d’ordre juridique. Pensons par exemple au domaine des contrats qui rĂšglent les Ă©changes. Le contrat n’est pas une contrainte car il a pour point de dĂ©part la volontĂ© de celui qui s’engage. Nous devons effectuer certaines opĂ©rations, et autrui s’engage, de son cĂŽtĂ©, Ă  en accomplir. Cette rĂ©ciprocitĂ© librement consentie et dont les clauses sont clairement dĂ©finies est une expression de la justice. Le droit positif, c’est-Ă -dire en vigueur dans une sociĂ©tĂ© donnĂ©e, prescrit ce qui est Ă  faire tout en garantissant Ă  chacun la protection de sa libertĂ©. Le sens commun apprĂ©hende cette vĂ©ritĂ© en disant que les devoirs ne vont pas sans les droits. Avoir des devoirs envers autrui ne signifie pas ĂȘtre son esclave. B. Le prochain Le droit est une dimension importante puisqu’il organise la vie sociale mais il ne suffit pas Ă  traiter complĂštement notre point. Autrui m’engage aussi pour des raisons proprement morales. Cet engagement met en jeu plusieurs statuts. D’un point de vue religieux, l’alter ego peut avoir le visage du prochain, dont Paul RicƓur a montrĂ© qu’il n’est pas le suivant » mais celui dont je dois me faire proche lorsque je le vois en danger ou en souffrance. Tel est le sens de la parabole du Bon Samaritain. Ce dernier secourt sans hĂ©siter l’inconnu qui gĂźt dans le fossĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© agressĂ©. Sa bontĂ© fait honte au prĂȘtre et au lĂ©vite qui l’avaient prĂ©cĂ©dĂ©. Ces deux hommes sont restĂ©s prisonniers de leur charge sociale quand le Samaritain a su voir son semblable dans l’individu molestĂ©. Tout autre est donc virtuellement mon prochain. La morale chrĂ©tienne fait ainsi de la charitĂ© un devoir inconditionnĂ©. Nos morales rationnelles en portent la trace en parlant d’une obligation d’assistance ou d’intervention. Autrui n’est pas seulement une personne abstraite que je rencontre Ă  travers le prisme des relations socioprofessionnelles, mais un ĂȘtre de chair et de sang, une prĂ©sence qui m’oblige. L’intĂ©rĂȘt de cette rĂ©fĂ©rence est de lier la morale Ă  l’idĂ©e d’universalitĂ©. Le droit est celui d’une sociĂ©tĂ© particuliĂšre, mĂȘme s’il est possible de trouver des points communs. La morale du devoir entend lĂ©gifĂ©rer au nom de valeurs universelles. On retrouve ce thĂšme chez Hegel, lorsqu’il dĂ©clare, dans sa PropĂ©deutique philosophique, que le premier des devoirs envers autrui est la vĂ©racitĂ© de la parole et de la conduite. » Cette affirmation n’est pas nouvelle. Ne pas mentir, ne pas faire de fausses promesses ou de faux tĂ©moignages font partie des commandements les plus anciens. Promettre sans tenir, c’est abuser de la bonne foi de l’autre et lĂ©ser la confiance qui doit exister entre des semblables. Le menteur se sert des mots comme le faux-monnayeur de piĂšces falsifiĂ©es. C’est un acte grave. Pensons Ă  l’importance du serment. Jurer est un acte solennel. Gernet rappelle que ce moment Ă©tait entourĂ© autrefois par des rituels imposants, comme des sacrifices d’animaux, afin de garantir la droiture de celui qui s’engageait. La parole est au principe des Ă©changes, des contrats, elle est le propre de l’homme en tant qu’il est cet animal capable de promettre » selon le mot de Nietzsche. Il est clair que sa puissance nous oblige envers autrui. [Transition] Le droit et la morale montrent que nous avons des devoirs envers notre semblable. Mais avons-nous d’autres devoirs ? 3. L’idĂ©e d’humanitĂ© A. Le cas des ĂȘtres naturels Il n’est pas difficile d’énumĂ©rer des cas de figure qui paraissent rĂ©pondre Ă  la question. Prenons par exemple le cas aujourd’hui si discutĂ© de notre rapport aux animaux. Certains leur attribuent des droits, ce qui nous donne des devoirs envers eux. L’animal n’est cependant pas une personne. N’ayant pas de volontĂ© par laquelle il peut se dĂ©terminer librement, il est lĂ©gitime de l’acheter et de le vendre. Nous pouvons lui imposer nos buts sans commettre d’injustice. La justification de la thĂšse qui lui reconnaĂźt des droits se situe donc Ă  un autre niveau celui de la sensibilitĂ©. Rousseau le dit dĂ©jĂ  dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inĂ©galitĂ© parmi les hommes. Nous avons en commun avec les bĂȘtes la capacitĂ© de souffrir. Il faut donc se retenir de les faire souffrir inutilement. Remarquons toutefois que la relation est dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. Les animaux ne peuvent revendiquer des droits dont ils n’ont pas l’idĂ©e. Ils n’ont pas non plus de devoirs envers nous. C’est donc nous qui nous limitons en vertu d’un sens moral que Rousseau nomme la pitiĂ©. Dans son ouvrage Le Principe ResponsabilitĂ©, Hans Jonas dĂ©fend la thĂšse selon laquelle pouvoir oblige » afin d’inciter les hommes d’aujourd’hui Ă  ne rien faire qui puisse compromettre l’existence dĂ©cente des gĂ©nĂ©rations futures. La nature doit ĂȘtre prĂ©servĂ©e de façon Ă  ce que nos successeurs lointains puissent y vivre humainement. Ce thĂšme renverse le sens traditionnel de la responsabilitĂ©. Celui-ci concerne habituellement l’action faite. Or ici, il nous faut songer aux consĂ©quences possibles de nos actes sur des personnes que nous ne connaĂźtrons jamais. Nous devons penser Ă  nos successeurs sans rien attendre d’eux en retour. Ainsi, il apparaĂźt que ce devoir de prĂ©servation par la limitation de notre puissance technologique a pour raison d’ĂȘtre l’attention Ă  l’égard d’autrui. La nature n’est pas un sujet de droit, elle est concernĂ©e dans la mesure oĂč elle constitue notre biotope. B. Autrui et soi le lien Ă  l’universel L’analyse de Jonas montre bien que l’idĂ©e d’humanitĂ© est le fondement du devoir. Nous voyons par lĂ  que l’idĂ©e de devoir implique une prĂ©sence de l’universel. La religion chrĂ©tienne l’indique par le thĂšme du prochain. Kant le souligne en se fondant sur une loi de la raison affirmant que l’attitude morale consiste Ă  se demander si la maxime, ou rĂšgle particuliĂšre de sa propre action, peut devenir le principe d’une loi pour tous. Il faut Ă©lever sa pensĂ©e au-delĂ  de son intĂ©rĂȘt particulier et s’efforcer de se mettre Ă  la place de tout autre. Nous voyons ainsi que les devoirs envers autrui impliquent des obligations envers soi. C’est en ce sens que Hegel dĂ©clare que le premier devoir envers soi est de se former, de travailler Ă  perfectionner sa raison, de façon Ă  pouvoir saisir ce qui importe vĂ©ritablement. L’homme bornĂ© ou grossier ne voit que son intĂ©rĂȘt quand l’individu cultivĂ© est capable de considĂ©rer ce qui se prĂ©sente sous plusieurs points de vue et, dans cette variation, de dĂ©gager l’essentiel. Le lien nĂ©cessaire entre soi et autrui est manifeste dans le second impĂ©ratif de la morale kantienne Agis de telle sorte que tu traites l’humanitĂ© dans ta personne comme dans la personne d’autrui, toujours en mĂȘme temps comme fin, jamais simplement comme moyen. » Ce commandement interdit de relĂ©guer autrui au rang d’un simple instrument de nos dĂ©sirs. Il exige que nous le respections mĂȘme quand nous lui demandons un service. Mais notons que Kant commence par inviter chacun Ă  ne pas se traiter soi-mĂȘme comme une chose. Ce point est essentiel car il montre que sans respect de soi, les relations aux autres sont forcĂ©ment perverties. Un ĂȘtre qui mĂ©prise sa qualitĂ© de sujet pensant dotĂ© de volontĂ© et de responsabilitĂ© aura envers autrui une attitude vicieuse, pleine de fausse humilitĂ© et de dĂ©sir de domination. DostoĂŻevski a tracĂ© dans les FrĂšres Karamazov, le portrait d’un pĂšre effrayant, malin et dĂ©bauchĂ©, incapable de rectitude morale. L’estime raisonnable de soi est la condition de justes rapports aux autres, y compris dans les relations intimes. Conclusion Ce sujet nous a amenĂ© Ă  Ă©claircir la notion de devoir et Ă  reconnaĂźtre son lien fondamental Ă  celle d’autrui. Son traitement culmine dans la notion d’humanitĂ©, qu’elle soit pensĂ©e religieusement le prochain, ou qu’elle Ă©mane d’une loi de la raison. Il n’est toutefois pas lĂ©gitime de considĂ©rer que nous n’avons d’obligations qu’envers nos semblables dans le cadre de relations morales ou juridiques. Les devoirs envers autrui sont insĂ©parables des devoirs envers soi. La reconnaissance mutuelle n’est possible que si chacun se reconnaĂźt aussi comme une personne. monkey d. alex, 2017 source
Plan: I/ Les devoirs envers autrui sont des devoirs envers moi-mĂȘme : La vie en communautĂ© implique que nous vivions selon certains principes qui nous permettent de vivre ensemble sans pour autant nous dĂ©truire les uns les autres. Autrement dit, les devoirs sont des obligations qui permettent Ă  nos libertĂ©s de coexister sans dommages.
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Sile vĂ©lo couvert a Ă©tĂ© volĂ©, nous prenons en charge le transport de l’assurĂ© jusqu’à son lieu de dĂ©part (son domicile, sa rĂ©sidence, sa voiture,). L’assurĂ© devra signaler le vol aux autoritĂ©s compĂ©tentes dans les 24 heures suivant le transport et une copie du procĂšs-verbal devra nous ĂȘtre remise. 1.3.2. Assistance en cas
La rĂ©daction, le 6/12/2006“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©dactionSi tu as ri.... c'est que le but de mon post a Ă©tĂ© atteint. Tu sais je suis une adepte de philo surtout allemande et quand je lis le type de sujet que l'on donne Ă  ces jeunes cela me dĂ©sespĂšre. J'aimerai vraiment que la philosophie soit enseignĂ© dĂšs le plus jeune Ăąge pour plus tard les amener Ă  de vĂ©ritables rĂ©flexions et pas seulement pendant un an.“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Je crois Bonjour Mme la RĂ©daction, Les devoirs, les obligations envers autrui nous galvanisent. Elles font partie de l'existance d'un etre humain. Mais je crois que nous avons des devoirs envers nous meme Ă©galement. Sinon, que faisons-nous de l'ambition, du surpassement de soi, pourrai-t-on encore se surprendre si nous ne les avions pas ? Pas sur du tout. C'est d'ailleurs, toute la problĂ©matique posĂ©e par la pratique du developpement personnelle et des thĂ©rapies dites parallĂšles la connaissance de soi pour aller plus loin, avec comme objectif suprĂšme trouver un Ă©quilibre pour rĂ©ussir sa vie. Tout un programme. A bientot“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Bon... Je me lance!! Le devoir suppose un monde peuplĂ© par d'autres hommes et mĂȘme si je peux ĂȘtre sans autrui, je n'ai pas le choix de vivre sans lui. Autrui est pour moi, tout comme je suis pour lui, une dimension incontournable de notre condition. Mais dans la mesure oĂč j'ai le choix d'aimer ou non mon prochain ou de me servir de lui pour satisfaire mon intĂ©rĂȘt, le devoir envers autrui relĂšve d'une interrogation Ă©thique. Autrui, qui est originellement une nĂ©cessitĂ© pour moi, est bien une question Ă©thique ainsi que ma relation et mon devoir envers lui. Si devoir il doit y avoir, celui-ci suppose la reconnaissance d'autrui, de son originalitĂ©, de sa richesse. Euhhhhh..... je dois vraiment continuer?“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Que signifie devoirs ? S'agit-il de contraintes que l'on s'impose ou des normes Ă  respecter vis Ă  vis d'autrui ? Ces obligations personnelles sont-elles liĂ©es Ă  une morale concernant ses propres actes ou propos par rapport Ă  l'autre ? Ou un ensemble de rĂšgles Ă©dictĂ©es par la sociĂ©tĂ©, la vie collective de façon Ă  agir selon un comportement attendu de la part de chacun ? Autrui n'est ce pas un peu soi-mĂȘme ? S'il s'agit d'attentions on pourra Ă©voquer le respect et l'affection, s'il s'agit de temps on pourra penser Ă  la considĂ©ration tĂ©moignĂ©e... pour les aspects positifs. Et c'est aussi soi, Ă  qui l'on doit... de ne pas s'ignorer, de s'Ă©couter, de s'entendre pour ĂȘtre rĂ©ceptif Ă  l'autre. Tout comme les droits, les devoirs devraient ĂȘtre partagĂ©s dans leur application et leur concept par leurs auteurs et leurs "utilisateurs". Mais, peut-ĂȘtre suis-je hors sujet ? Bon... Je me lance!! Le devoir suppose un monde peuplĂ© par d'autres hommes et mĂȘme si je peux ĂȘtre sans autrui, je n'ai pas le choix de vivre sans lui. Autrui est pour moi, tout comme je suis pour lui, une dimension incontournable de notre condition. Mais dans la mesure oĂč j'ai le choix d'aimer ou non mon prochain ou de me servir de lui pour satisfaire mon intĂ©rĂȘt, le devoir envers autrui relĂšve d'une interrogation Ă©thique. Autrui, qui est originellement une nĂ©cessitĂ© pour moi, est bien une question Ă©thique ainsi que ma relation et mon devoir envers lui. Si devoir il doit y avoir, celui-ci suppose la reconnaissance d'autrui, de son originalitĂ©, de sa richesse. Euhhhhh..... je dois vraiment continuer? A developper, svp ! Moi, j'aurai aimĂ© en lire plus... Je suis encore en train d'essayer de faire des liens entre l'Ă©thique et reconnaissance d'autrui... Ca a le mĂ©rite d'etre une piste intĂ©ressante.... Mais , pour moi, je rĂ©ponds Ă  votre derniere question je dois vraiment continuer... ? Devoir serait un bien grand mot, mais sachez que si vous en Ă©prouvez du plaisir, celui-ci sera partagĂ©... En formulant ainsi ma demande, suis-je en train de penser uniquement Ă  moi, Ă  vous ou au deux ?invite_44660, le 6/12/2006“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Si on en a pas que vers autrui... C'est qu'on en a envers qui ?...nous mĂȘmes ? - Ben c'Ă©tait dĂ©jĂ  difficile avec les autres alors avec soi... Le soucis c'est qu'autant il existe des rĂšgles pour accomplir son devoir envers les autres...autant il n'y en a pas tellement pour l'accomplir envers nous mĂȘme...Sur quoi se baser, comment ne pas virer Ă  l'Ă©goĂŻsme...ce serait dĂ©sprendre, voir les choses autrement... C'est quoi le devoir ? L'obligation ou plutĂŽt l'honneur de faire... Le respect... ...Le respect de soi comme le respect de l'autre, l'autre comme soi mĂȘme, le devoir de se dĂ©velopper de la maniĂšre la plus constructive, positive ... si chacun se construit bien pas besoin d'exercer de devoirs envers les autres qui soient trĂšs contraignants et obligeants puisque chacun sait s'occuper de lui de la façon la plus saine... Holala, que de vocabulaire Ă  prĂ©ciser et de notions Ă  dĂ©vellopper... C'est le message de la psychologie non ? ;-“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction le devoir n'existe pas Des devoirs... nous en avons sans doute auprĂšs des personnes dont nous nous sentons responsables. Alors dans ce cas oui. Cependant, il semble plus juste de dire que nous prenons la responsabilitĂ© d'agir parce que nous avons choisi. Le devoir n'existe pas pour moi. On choisit toujours et ensuite on assume, pour nous mĂȘme ou pour les autres. C'est un point de vue personnel“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction Et pourquoi pas envers soi-mĂȘme ? Un peu simpliste ! C'est une façon de rabĂącher le vieux discours $😋ense aux autres, donne aux autres, oublie-toi toi-mĂȘme, l'Ă©goĂŻsme et l'Ă©gocentrisme sont des pĂ©chĂ©s, et tu trouveras ton bonheur dans l'abnĂ©gation et le renoncement ! C'Ă©tait peut-ĂȘtre valable pour JĂ©sus et les ApĂŽtres quoique... mais pour les autres, je demande Ă  voir, ou plutĂŽt, c'est tout vu. Et puis, nom de Zeus ! quel discours antique !“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction et celui-la? faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă  la vĂ©ritĂ©? je trouve ce sujet qu'a eu mon frĂšre ce matin beaucoup plus pertinent et interressant.“N'avons-nous de devoirs qu'envers autrui ?” C'est l'un des sujets de philo proposĂ©s ce matin aux candidats au bac. Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire-t-il ? La rĂ©daction devoirs et conscience12 Navons-nous de devoirs qu’envers autrui ? Par AĂŻda N’Diaye. aoĂ»t 2020. Fils d'ariane. Accueil-Le Fil; Articles; Peut-on faire plus que son devoir ? ÉtĂ©-Automne 2022 Philosophe magazine
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LidĂ©e de devoir est insĂ©parable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un ĂȘtre, correspond aux droits d’un autre. LĂ  oĂč il n’y a pas de droits, il n’y a pas de devoirs.
Plan rĂ©digĂ© proposĂ© Le devoir est une rĂšgle morale qui s'impose Ă  un individu lorsqu'il agit, et a pour but de limiter sa propre action Ă l'Ă©gard d'une chose conçue comme extĂ©rieure Ă  lui. Ib. En ce sens, le devoir s'oppose au droit, et c'est l'Ă©quilibre des droits et des devoirs qui permet Ă  des individus decoexister. Ic. Cette dĂ©finition du devoir ne semble pas alors exclure la possibilitĂ© de devoir envers autre chose qu'une autrepersonne, puisque rien ne dit a priori que les choses ne sont pas autant digne de respect que les hommes. 2. IIIa. Cette maniĂšre de concevoir le devoir appelle donc une rĂ©flexion sur ce qui fonde la valeur des choses pour unesprit humain. IIb. Poser ainsi la question renvoie alors Ă  la maniĂšre dont se construisent les jugements de valeur humains. Or, la raisonhumaine a pour propriĂ©tĂ© d'Ă©valuer les choses en fonction de normes qui sont directement dĂ©duite de la conscience qu'il ade lui-mĂȘme. IIc. En ce sens, si les choses ne sont pas libres comme l'homme, et s'il est possible de dire que seul un homme peut avoirla mĂȘme valeur qu'un autre homme, il semble nĂ©cessaire de conclure que nous n'avons de devoir qu'envers nous-mĂȘmesen tant que membre de l'humanitĂ© ou envers autrui. 3. IIIa. Toutefois, cette maniĂšre anthropocentrique de concevoir le devoir est passablement problĂ©matique, dans lamesure oĂč elle postule pour vrai ce qui n'est qu'une dĂ©ficience ou une limite de la raison humaine. Autrement dit, ce n'estpas parce que nous ne sommes pas capables de nous mettre Ă  la place d'un arbre ou d'un animal qu'ils ne sont pasdignes de respect. IIIb. DĂšs lors, il semble nĂ©cessaire de reconnaĂźtre que nous avons par principe des devoirs envers les choses, et passeulement envers autrui ou nous-mĂȘmes. Le problĂšme est toutefois que nous ne savons quels devoirs prĂ©cis nous avonsalors envers les choses. IIIc. Il semble alors nĂ©cessaire de substituer Ă  l'absence de connaissance prĂ©cise des devoirs que nous avons envers lesautres choses un principe de prĂ©caution. Autrement dit, nous devons agir prudemment pour ne pas mettre en pĂ©rill'existence de choses que nous sommes incapables d'Ă©valuer, ce qui nous oblige Ă  agir de façon responsable et Ă  affirmerun devoir envers toute chose.. »

Ensomme, le respect transcende le jugement. Il est le fruit de l’éducation qui conditionne son rapport avec l’autre. Le respect et le jugement sont intrinsĂšquement liĂ©s lorsque nous avons affaire Ă  autrui, c’est-Ă -dire un ĂȘtre que je reconnais comme mon Ă©gal, mais qui est tout Ă  fait diffĂ©rent de moi.

DetrĂšs nombreux exemples de phrases traduites contenant "devoir envers autrui" – Dictionnaire anglais-français et moteur de recherche de traductions anglaises. Ainsi pourquoi avons-nous des devoirs envers autrui ? Autrui est une personne au mĂȘme titre que moi, avec les mĂȘmes besoins, les mĂȘmes sentiments, la mĂȘme libertĂ© DĂšs lors, si autrui dispose de la mĂȘme libertĂ© que moi, je me dois de le respecter comme je respecte ma libertĂ©. [] [] Nous nous devons de respecter l'humanitĂ©, cela est un fait. yleWfa.