La corporation des maĂźtres marchands tailleurs dâhabits, câest ainsi quâon les appelait en style officiel, Ă©tait une des plus anciennes de Paris. A cĂŽtĂ© dâelle, non moins vĂ©nĂ©rable par son antiquitĂ©, vivait assez prospĂšre la corporation des maĂźtres marchands pourpointiers, câest-Ă -dire marchands de pourpoints. Ainsi, lâartisan qui faisait lâhabit et celui qui faisait le pourpoint appartenaient Ă ceux communautĂ©s distinctes, entendez rivales. On connaĂźt la diffĂ©rence de lâhabit et du pourpoint. Lâhabit Ă©tait le vĂȘtement extĂ©rieur qui couvrait le buste et descendait au-dessous de la ceinture, plus ou moins bas, selon la condition de la personne. Le pourpoint sâarrĂȘtait Ă la ceinture ; câĂ©tait une espĂšce de veste, qui parfois nâavait pas de manches. FuretiĂšre, Ă lâarticle du Pourpoint, dit que les tailleurs et pourpointiers se rĂ©unirent en vue de faire cesser les diffĂ©rends perpĂ©tuels quâils avaient ensemble, les pourpointiers prĂ©tendant que les tailleurs, qui nâĂ©taient pas marchands, nâavaient pas droit de faire des fournitures, câest-Ă -dire de vendre des Ă©toffes pour les habits quâon leur commandait. Les tailleurs dâhabits et les pourpointiers, en effet, se rĂ©unirent, lâan 1655, en une seule communautĂ©, Ă qui on donna de nouveaux statuts. Il fut Ă©tabli par ces statuts que lâinspection et la surveillance des travaux du mĂ©tier seraient exercĂ©es un jour par semaine par quatre gardes jurĂ©s Ă©lus pour deux ans ; que chaque maĂźtre nâaurait Ă la fois quâun apprenti, qui pourrait ĂȘtre reçu compagnon aprĂšs trois ans dâapprentissage, et maĂźtre aprĂšs trois autres annĂ©es et lâexĂ©cution dâun chef-dâoeuvre. Toutefois, on convint quâil ne serait jamais reçu que dix maĂźtres par an. MaĂźtre Boulay, tailleur au XVIIe siĂšcle. Dessin de Bocourt, dâaprĂšs le Tailleur sincĂšre. Les statuts confirmaient aux marchands dâhabits et pourpointiers le droit de faire habit neuf ou de façon neuve, Ă lâexclusion de tous autres ouvriers. CâĂ©tait trĂšs bien en paroles ; mais il nâĂ©tait pas toujours commode en fait de prouver Ă un fripier quâun vieil habit retapĂ© est neuf par la façon, alors surtout que le fripier avait intĂ©rĂȘt Ă ne pas se convaincre. Aussi les tailleurs eurent-ils avec les fripiers, sur la diffĂ©rence de lâhabit neuf au vieil habit, des procĂšs qui, dans lâhistoire des corporations, sont restĂ©s cĂ©lĂšbres par leur durĂ©e. Boulay, dont nous donnons ici le portrait, Ă©tait un des membres les plus importants de la corporation des tailleurs au dix-septiĂšme siĂšcle. Son importance, du reste, est peinte sur sa figure. A son front carrĂ©, aux plis de ses sourcils, Ă sa tĂȘte un peu penchĂ©e, comme celle dâun homme qui regarde de haut en bas, on le prendrait pour un docteur de Sorbonne. MaĂźtre Boulay nâa peut-ĂȘtre jamais fait de thĂšse ; mais il a fait un in-folio, sâil vous plaĂźt, et qui est intitulĂ© Le Tailleur sincĂšre. La figure que nous avons reproduite est tirĂ©e de son livre, dont elle formait le frontispice. Elle est encadrĂ©e sur la gravure quâon trouve aux estampes de la BibliothĂšque impĂ©riale dans une bordure ovale avec cet exergue Lâhomme qui vit en espĂ©rance peut travailler en assurance ; en Dieu, Benoist Boulay a mis sa confiance. Au-dessous du portrait, on lit le quatrain suivant Levons-nous du matin et passons la journĂ©e Dans lâhonneste exercice oĂč lâĂąme est destinĂ©e, Et, consacrant Ă Dieu lâouvrage de nos mains, Sur ses divines loys rĂ©glons tous nos desseins. Un tailleur qui ferait un livre aujourdâhui, ne lâornerait certainement pas dâun pareil quatrain. Nous entendons autrement la rĂ©clame. On peut ĂȘtre dâavis, cependant, que de bonnes maximes ne sont dĂ©placĂ©es nulle part. Il est regrettable que nous nâayons pas pu trouver le livre de Boulay. Il nous aurait sans doute, vu la date de sa publication 1671, renseignĂ© minutieusement sur le changement qui eut lieu dans lâhabillement des hommes vers 1670, ainsi que sur les us et coutumes des tailleurs, sur le prix des Ă©toffes et des façons, etc. MoliĂšre a introduit dans ses piĂšces, notamment dans le Bourgeois gentilhomme, des artisans de divers mĂ©tiers, en donnant Ă tous ce trait commun, que chacun apporte dans lâexercice de sa profession un sĂ©rieux et une importance exagĂ©rĂ©s. Sans doute, ce trait de nature humaine est vrai encore de nos jours ; mais on peut croire quâil Ă©tait plus accusĂ© au dix-septiĂšme siĂšcle que dans le nĂŽtre. En regardant la figure de Boulay, on se rappelle involontairement celle du tailleur de M. Jourdain, qui est exactement du mĂȘme temps Jâai chez moi, dit le Boulay de MoliĂšre, un garçon qui, pour monter un rhingrave, est le plus grand gĂ©nie du monde, et un autre qui, pour assembler un pourpoint, est le hĂ©ros de notre temps. » VoilĂ des propos qui sâassortiraient trĂšs bien avec la physionomie de notre homme. Au reste, la scĂšne Ă laquelle nous empruntons ce passage contient des renseignements qui mĂ©ritent quâon les regarde de prĂšs. MoliĂšre, en grand peintre quâil est, retrace son Ă©poque jusque dans certains dĂ©tails rĂ©els, qui Ă©chappent Ă une lecture rapide, et quâon est bien Ă©tonnĂ© de trouver ensuite quand on relit avec attention. Ainsi, M. Jourdain dit Ă son tailleur Vous mâavez envoyĂ© des bas de soie si Ă©troits que jâai eu toutes les peines du monde Ă les mettre, et il y a deux mailles de rompues. Vous mâavez aussi fait faire des souliers qui me blessent furieusement. », Et le tailleur Ă son tour demande La perruque et la plume sont-elles comme il faut ? » Est-ce que les tailleurs faisaient des souliers, des bas, des chapeaux ? Non, ils les fournissaient seulement Ă leurs pratiques, aprĂšs les avoir achetĂ©s chez les marchands spĂ©ciaux. Ils entreprenaient la toilette complĂšte ; et les gens qui tenaient Ă avoir bon air se laissaient habiller de la tĂȘte aux pieds par leur tailleur. CâĂ©tait le seul moyen que toutes les piĂšces du vĂȘtement fussent parfaitement assorties ; ce qui passait, sous Louis XV, pour le point essentiel aux yeux des Ă©lĂ©gants.
JeanPhilippe Puymartin, nĂ© le 18 dĂ©cembre 1959, est un acteur, directeur artistique rĂ©alisateur et voix off français . Actif dans le milieu du doublage, il est la voix française rĂ©guliĂšre de Tom Hanks et Tom Cruise 1, 2 . Il est aussi la voix de Timon dans les films Le Roi Lion et du ShĂ©rif Woody dans la saga Toy Story . Relizane, pendant la guerre dâAlgĂ©rie. Lorsquâen pleine nuit, on frappe Ă la porte, Marcel, le grand-pĂšre dâOlivia Elkaim, craint pour sa vie et celles de sa femme et de leurs deux enfants. On lui enfile une cagoule sur la tĂȘte, il est jetĂ© dans un camion et emmenĂ© dans le dĂ©sert. Va-t-il ĂȘtre condamnĂ© Ă mort ou graciĂ© ? Il revient sain et sauf Ă Relizane trois jours plus tard, et ses proches se demandent quel est le secret de ce sauf-conduit. A quoi a-t-il collaborĂ© ? Quels gages a-t-il donnĂ© et Ă qui ? Viviane, son Ă©pouse, ses frĂšres, sa mĂšre, ses voisins, tous questionnent le tailleur juif. Mais il garde le silence. Quand un jeune apprenti arabe se prĂ©sente devant son Ă©choppe, Marcel comprend que tĂŽt ou tard, il lui faudra quitter son pays natal. AprĂšs ce dĂ©but dâune folle intensitĂ© romanesque, Olivia Elkaim retrace lâhistoire de sa famille, lâexil des siens, leur arrachement Ă cette terre africaine, et leur fuite chaotique vers une France oĂč rien ne les attend - ni confort, ni sympathie, ni mĂȘme aucune aide administrative. Ces valeureux que le soleil caressait il y a peu, deviennent des rĂ©prouvĂ©s qui ne connaĂźtront que lâombre dâune cave humide Ă Angers. Les grands-parents dâOlivia Elkaim, Viviane et Marcel, sont deux magnifiques personnages, entre Albert Cohen et Anna Magnani, qui ne cesseront de rĂȘver dâĂ©chapper Ă cette triste France. Au-delĂ de tout ce que nous savons du retour dâune famille pied-noire en mĂ©tropole, au-delĂ du drame humain, familial, politique, souvent commentĂ© par les historiens, Olivia Elkaim explore sa part algĂ©rienne, juive, lyrique, Ă la fois enchantĂ©e et hantĂ©e, que son pĂšre Pierre avait tentĂ© en vain de lui ce livre qui rend hommage Ă ses ancĂȘtres, et Ă travers la photographie jaunie dâune grand-tante, retrouvĂ©e par hasard dans le cimetiĂšre juif de Relizane, elle se rĂ©vĂšle aussi Ă elle-mĂȘme. letailleur et son apprenti piĂšce dombres chinoises theatre dobres nicolas aubert silhouettes marionnettes chinese shadows schattentheater schattenspiel schattenfiguren THĂĂTREIl Ă©tait une fois un roi qui avait une trĂšs belle fille. Par dessus tout, le roi souhaitait la rendre trĂšs heureuse. Aussi il dĂ©cida que la princesse devait avoir une nouvelle robe pour mettre en valeur sa beautĂ©. Il convoqua le tailleur le plus expĂ©rimentĂ© et le plus connu de tout son royaume pour qu'il confectionne une robe pour la princesse. "Ma fille doit avoir la plus belle robe du pays" dĂ©clara le roi. "Avant de pouvoir rĂ©aliser une telle robe" dit le tailleur, "je dois connaĂźtre ce que vous souhaitez". Et le tailleur de prĂ©senter longuement les matĂ©riaux qui pourrait ĂȘtre employĂ©s, les coupes et les modĂšles qui pourraient ĂȘtre choisis, les mĂ©thodes pour coudre et assembler, la dĂ©coration et beaucoup d'autres choses. Il parla de jupes Ă godets et de plis couchĂ©s, d'ourlets, d'ajours et de points, de pinces et de bouillonnĂ©s, de broderies et de dentelles. Le pauvre roi ne connaissait rien Ă tout cela. "Je veux juste une belle robe pour ma fille" dit-il. "Je ferai de mon mieux" dit le tailleur. La semaine suivante, le tailleur retourna au palais. Il apporta un gros classeur de documents et le prĂ©senta au roi."Votre MajestĂ©, voici notre proposition pour la robe. J'espĂšre que c'est ce que vous souhaitez. La robe sera terminĂ©e dans un an. Et pour mon travail et celui de mes collaborateurs, je vous demande humblement, MajestĂ©, 50 000 ducats". "Ces tailleurs demandent des sommes astronomiques" pensa le roi, "il n'y a mĂȘme pas un dessin de la robe dans tous ces documents mais je n'ai pas d'autre solution que de payer en espĂ©rant le meilleur". Le roi hocha tristement la tĂȘte et dit "j'accepte votre proposition" et il apposa le sceau royal sur les documents. Le tailleur se dĂ©signa lui-mĂȘme Chef-tailleur et recruta une vingtaine d'apprenti-tailleurs pour l'aider. Il leur expliqua comment, ensemble, ils allaient rĂ©aliser la robe. "DĂ©composons le travail en morceaux les manches, le corsage, la ceinture, la jupe et les parures. Chacun de vous prĂ©parera une partie de la robe. Mon travail est de spĂ©cifier ces parties et d'indiquer la maniĂšre dont elles seront assemblĂ©es. Mais ne vous prĂ©cipitez pas sur votre mĂ©tier. Nous devons d'abord planifier comment chaque partie doit ĂȘtre prĂ©parĂ©e et dĂ©composer le travail jusqu'Ă ce que le moindre dĂ©tail soit connu. Nous devons ensuite vĂ©rifier sans l'ombre d'un doute que la robe que nous rĂ©aliserons satisfera les spĂ©cifications. A la fin nous devons prouver que toutes les parties s'assembleront correctement. Avec une telle vĂ©rification, nous saurons avant la premiĂšre couture que la robe honorera la princesse du royaume et sera telle que le roi l'a commandĂ©e." Les mois passĂšrent et le chef-tailleur et ses collaborateurs remplirent des pages de papier avec les dessins de la robe et de toutes ses parties. Les Ă©toffes prĂ©cieuses achetĂ©es pour la robe restĂšrent au magasin et pas un point n'avait Ă©tĂ© cousu. Le roi commença Ă s'inquiĂ©ter la robe pourrait ne pas ĂȘtre terminĂ©e dans l'annĂ©e. Il convoqua le chef-tailleur Ă la cour et lui demanda pourquoi la robe n'avait pas Ă©tĂ© commencĂ©e. "L'exĂ©cution doit succĂ©der au plan comme la nuit succĂšde au jour" dit le chef-tailleur. "Il ne faut pas utiliser l'aiguille et le fil tant que la robe n'est pas entiĂšrement conçue". Et il en fut ainsi. Enfin la conception fut terminĂ©e et la grande oeuvre commença Ă prendre forme. Les Ă©toffes furent tissĂ©es et l'Ă©quipe de tailleurs fut trĂšs occupĂ©e Ă couper, coudre et mettre en forme. Quand les diffĂ©rentes parties de la robe furent terminĂ©es, les tailleurs les apportĂšrent au chef-tailleur pour l'assemblage. Ce fut lĂ , la partie la plus difficile, car Ă chaque assemblage de morceaux, il y avait toujours une piĂšce de tissu qui n'Ă©tait pas Ă sa place. Plusieurs fois les tailleurs reprirent leur travail pour le recoudre et des disputes se dĂ©clenchĂšrent pour savoir qui avait tort. Un jour le chef-tailleur vint voir le roi et lui dit "HĂ©las, votre MajestĂ©, la somme allouĂ©e n'est pas suffisante pour terminer la robe. La princesse a grandi depuis que les mesures ont Ă©tĂ© prises et il faut modifier les plans. Je dois donc vous demander 10 000 ducats supplĂ©mentaires pour pouvoir terminer en temps voulu. Le roi hocha tristement la tĂȘte "Allez et faites" dit-il. A la fin -un an et demi plus tard- la robe fut terminĂ©e et apportĂ©e Ă la princesse pour un essayage. HĂ©las, la pauvre fille ne put l'enfiler car le chef-tailleur dans sa recherche pour la qualitĂ© des formes, avait oubliĂ© les boutons. Rapidement les tailleurs modifiĂšrent la robe et la princesse la montra au roi. "La robe est-elle acceptable ?" demanda le chef-tailleur. "Oui" rĂ©pondit le roi bien qu'au fond de son coeur la robe ne ressemblĂąt pas du tout Ă ce qu'il attendait. Plusieurs jours plus tard, la princesse se promenait dans le jardin du chĂąteau ; elle portait sa nouvelle robe. Comme elle se penchait pour attraper une grappe de raisins, le haut de la robe glissa, exposant sa poitrine Ă la vue de tous. Le roi, trĂšs choquĂ©, convoqua le chef-tailleur. "Quelle sorte de robe avez-vous fait pour ma fille ?" s'exclama-t-il. "Non seulement elle a l'air bizarre mais j'ai payĂ© 60 000 ducats pour cela". "Je vous en prie, MajestĂ©, la robe a Ă©tĂ© faite suivant les spĂ©cifications que vous aviez acceptĂ©es. Nulle part, il est indiquĂ© que la robe doit rester en place. En fait, ce n'est pas un dĂ©faut mais une caractĂ©ristique de la robe. Mais si votre MajestĂ© dĂ©sire modifier la robe, je dois humblement vous demander 15000 ducats pour l'immense travail nĂ©cessaire pour satisfaire vos souhaits". Le roi hocha tristement la tĂȘte. "Allez et faites" dit-il. Quelques annĂ©es plus tard, le chef-tailleur fut changĂ© en crapaud par une fĂ©e dont il avait repoussĂ© les avances. AprĂšs cette transformation, des taches Ă©tranges et des dĂ©chirures apparurent sur la robe de la princesse. La petite Ă©choppe de tailleurs qui avait Ă©tĂ© utilisĂ©e par le chef-tailleur pour entretenir la robe, examina cette derniĂšre en dĂ©tail pour essayer de la rĂ©parer. Mais personne ne trouva les documents qui dĂ©crivaient la conception et le travail fut abandonnĂ©. La princesse mit la robe au fond de son armoire oĂč elle est restĂ©e jusqu'Ă ce jour.
âDans lâancienne Atlantide vivait un tailleur de pierres. Il avait appris son mĂ©tier tout enfant en travaillant aux cĂŽtĂ©s de son pĂšre, lâaidant Ă extraire le calcaire des chaĂźnes de montagnes au Sud des anciennes Grandes RiviĂšres. De longues annĂ©es dâapprentissage passĂšrent pendant lesquelles le garçon pensait ardemment au jour oĂč il deviendrait maĂźtre tailleur de pierres. Lorsque son pĂšre mourut de dure main-dâĆuvre physique et de soleil implacable, le garçon demanda Ă sa mĂšre, âQui sera maintenant le maĂźtre tailleur de pierres ? Qui finira de mâapprendre le mĂ©tier ?â Sa mĂšre prit doucement ses mains rendues rugueuses par le travail dans les siennes et dit, âCes mains tĂ©moignent de tes longues annĂ©es dâapprentissage. Câest toi qui es maintenant le maĂźtre et câest toi qui apprendras le mĂ©tier Ă tes apprentis. Tu es un grand tailleur de pierres. PrĂ©sente-toi maintenant au Roi et offre-lui tes servicesâ. Le jeune maĂźtre ne fut que peu de temps au service du Roi avant de devenir maĂźtre tailleur de pierres. Il forma beaucoup dâapprentis. Mais intĂ©rieurement, le tailleur de pierres se sentait le maĂźtre de rien. Chaque jour il se rendait Ă la montagne, ciselant et travaillant dur et chaque nuit il revenait, regardant ses crĂ©ations achevĂ©es. Il sentait que le vent du dĂ©sert le narguait en laissant les sables Ă©roder et balafrer ses travaux comme pour lui rappeler, âDe la terre ils sont venus, au monde ils retourneront un jourâ. Il pensait, âJe voudrais ĂȘtre puissant comme le vent au lieu de simple tailleur de pierres impuissant ne pouvant crĂ©er que dâĂ©phĂ©mĂšres monuments de pierres. Si jâĂ©tais le vent, je soufflerais tout et montrerais au Roi quel est le vrai pouvoirâ. Son dĂ©sir devint si intense quâil devint le vent et crĂ©a une tempĂȘte de sable aveuglante qui renversa le pavillon du Roi. Il souffla aussi fort quâil put mais bien quâil balafrĂąt et grĂȘlĂąt les crĂ©ations de pierres puissantes, il ne put les Ă©roder au point de les anĂ©antir. âCela peut prendre du tempsâ, pensa-t-il. On avait appris aux tailleurs de pierres novices dâĂ©viter les formations de pierres sombres pendant les mois de longue lumiĂšre solaire, dans la chaleur du soleil ascendant. Se souvenant de cela, Ă de rares occasions il avait vu un morceau dâobsidienne sombre qui avait Ă©tĂ© exposĂ© au soleil exploser sous lâeffet de la chaleur, il pensa, âCâest difficile dâĂȘtre le vent, tant de labeur et si peu de pouvoir comparĂ© au puissant soleil. AprĂšs tout, le soleil est responsable de la crĂ©ation des sables dĂ©sertiques secs. Le soleil a mĂȘme le pouvoir de vaincre des tailleurs de pierres sous lâĂ©blouissement de ses rayons de midi. Je voudrais ĂȘtre le soleil.â Il le pensa si intensĂ©ment quâil devint le soleil. FiĂšrement il rayonna sur les monuments de pierres du Roi provoquant un Ă©blouissement si puissant quâil aveugla tous ceux qui lâentrevirent. Si violents et implacables furent ses rayons que les eaux du Grand Fleuve Atlante sâĂ©vaporĂšrent en nuĂ©es dâorages suspendus juste devant lui, obscurcissant son puissant rayonnement. âTant de pouvoirâ, pensa-t-il des eaux devenant des nuĂ©es dâorages. âJe voudrais ĂȘtre des nuages assez puissants pour arrĂȘter mĂȘme le soleil ! â Et il devint donc les nuages. Une obscuritĂ© indigo tomba sur Atlantis. Son poids et sa densitĂ© lui donnĂšrent un ressenti de puissance en dĂ©couvrant son pouvoir de faire pleuvoir sur la VallĂ©e du Grand Fleuve, causant des inondations. Il extermina les rĂ©coltes et dĂ©vasta la terre ; pourtant, en dĂ©pit de ses efforts, il ne put dĂ©truire les montagnes qui dominaient les rĂ©gions au Sud du grand Fleuve ; ni Ă©roder ses grands travaux dâart. Ses travaux le raillaient avec leur durabilitĂ©. âEnfin je comprendsâ, pensa-t-il, je me suis mĂ©pris. Jâaurais dĂ» devenir la montagne. Rien nâest plus puissant que les roches de montagnes et les crĂ©ations nĂ©es dâelles. Nul vent ne peut les balayer, nul feu ne peut les consumer, nulle eau ne peut les emporter. Je voudrais ĂȘtre la montagneâ. Il ferma les yeux et devint la montagne. Il ressentit la chaleur du soleil mais ne fut pas brĂ»lĂ© parce que son intĂ©rieur Ă©tait frais. Il ressentit les pluies le laver mais elles ne firent que glisser sur son dos. Il ressentit le souffle des vents mais sa puissance les frustra. Il Ă©tait enfin confortable et sombra dans une torpeur suffisante. Soudain, il ressentit des centaines de douleurs aiguĂ«s poignarder tout son corps rocheux. âQuel pouvoir put mâĂ©veiller de mon sommeil Ă©ternel ?â se demanda-t-il. âVraiment, cela doit ĂȘtre le summum. Je deviendrai cela ! â Et il sâĂ©veilla en tailleur de pierres, marteau et ciseau en main, le front ruisselant de sueur et le plus grand mystĂšre de lâunivers gravĂ© en relief sur son cĆur et engrammĂ© dans sa mĂ©moire les crĂ©ations faites de la terre retournent Ă la terre, mais rien sur terre ou au ciel nâest plus puissant que la crĂ©ativitĂ© qui leur a donnĂ© la naissance. Cette crĂ©ativitĂ© je suis. Aham Brahmasmi ! â â Goswami Kriyananda in La Science Mystique du Kriya Yoga, Chap. 2, Tome IIHomePage Tailleur Du Roi Et Son Apprenti. Tailleur Du Roi Et Son Apprenti Page 28 sur 32 - Environ 313 essais Ecoute des silences 76241 mots | 305 pages invĂ©rifiable. Visible : sans 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. 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Qued'aventures attendent le tailleur ! Depuis le jour oĂč il a tuĂ© sept mouches et gravĂ© sur sa ceinture "Sept d'un coup !", tout le monde le prend pour un guerrier hĂ©roĂŻque. Pour les beaux yeux de la fille du roi, aucun dĂ©fi, aucune
13 fĂ©vrier 2018 2 13 /02 /fĂ©vrier /2018 1311 En classant le tailleur au rang des acteurs secondaires dans la sociĂ©tĂ© campagnarde, nous entendons dĂ©signer la condition et non le personnage ; car si la condition est d'importance minime, le personnage en revanche joue un des rĂŽles les plus marquants. Sous la tiĂšde haleine du troupeau, en hiver, Ă l'Ă©curie, durant que la bise glacĂ©e secoue avec violence les volets de la ferme ; sur le vert gazon du courtil en Ă©tĂ©, Ă l'ombre des arbres touffus, le tailleur est un heureux. Tandis que les hommes sont aux champs et peinent sur la dure, il est lĂ accroupi, Ă la façon d'un sybarite oriental, contant fleurette aux belles filles. La pipe entre les dents, un brĂ»le-gueule grand comme un dĂ© Ă coudre, oĂč, de temps Ă autre, il renouvelle avec parcimonie la provision de tabac-carotte, on le voit tirant l' aiguille avec l' allure d'un rentier qui a des revenus devant n' est pas philosophe plus stoĂŻque. Il ne s'inquiĂšte pas, lui, du temps qu'il fait. Il n' a pas son blĂ© exposĂ© Ă la grĂȘle, et tant qu'il y aura parles campagnes des filles coquettes et des jeunes gens dĂ©sireux de succĂšs, il trouvera du travail, car ils auront besoin de son coup d' aiguille pour broder les riches habits. Que lui importent les potins de village ? N'est-ce pas lui qui en est le lanceur attitrĂ© ? Il est la gazette vivante, le colporteur de nouvelles. Pendant que l'aiguille va son train, sa langue coupe et recoupe Ă travers les rĂ©putations. Malheur Ă qui tombe sous le tranchet ! Assis, les jambes croisĂ©es, sur son coussinet ou sur sa botte de paille, il juge en dernier ressort et sans appel. Mathurine passe-t-elle pour aimer qu'on la courtise ? Job est-il regardĂ© comme chĂ©rissant la dive bouteille ? cherchez le tailleur. Certes, le laboureur est bien le roi des campagnes, roi courageux et fort, roi aux mains calleuses, qui ne boude pas devant la noble tĂąche. Mais le tailleur exerce lui aussi la royautĂ© Ă sa façon ; roi Triboulet et qui n'aspire pas au rĂŽle de St-Louis. Nul n' est plus craint, nul n'est plus complimentĂ©, mais aussi nul n' est plus ridiculisĂ© . Autour de lui, il y a toujours cercle d'auditeurs ; ses compagnons d'abord, deux ou trois garçonnets ou fillettes, apprentis tailleurs, qui l'Ă©coutent parler comme on Ă©couterait l'Evangile, puis les enfants du village et les femmes que les travaux de l'intĂ©rieur retiennent Ă la ferme. Il n'existe pas de conteur plus merveilleux, de plus habile bĂątisseur de chansons. La moindre anecdote lui sert de thĂšme, et ses hĂ©ros, ses dĂ©placements journaliers d'un village Ă l'autre lui permettent de les trouver par dizaines, jeunes soupirants qui viennent le soir attacher la branche de mai Ă la fenĂȘtre de leurs belles, buveurs attardĂ©s des jours de pardon, maris Ă la poigne trop rude, femmes Ă la langue trop pointue. La plupart des sĂŽnes nouveaux qui sans cesse naissent dans les recoins perdus des campagnes et s'Ă©lĂšvent ensuite dans les airs, tels des oiseaux volages, c' est lui qui en est le pĂšre. On reconnaĂźt son inspiration Ă la forme satirique, forme dans laquelle il se complaĂźt. Du haut en bas de l'Ă©chelle villageoise, personne n'Ă©chappe Ă son coup de langue. Aussi tout en admirant sa faconde, chacun se garde de lui. Il est bien admis dans la sociĂ©tĂ© paysanne, mais on le tient un peu en marge. Avec ses mains blanches comme celles d'un notaire, oĂč l'aiguille laisse Ă peine quelques marques, il ne saurait ĂȘtre d'ailleurs considĂ©rĂ© comme un Ă©gal par les rudes travailleurs qu'il coudoie. ComĂ©dien, amu seur public, chanteur, voire poĂšte, passe encore. Quant Ă prĂ©tendre disputer le prix de la force, porter la banniĂšre du Saint, le jour du Pardon, conduire la danse, le jour du tirage au sort, en concurrence avec le fils du Laboureur, on ne le lui permettrait pas. Le tailleur, mais ce n' est pas un homme ; il en faut sept ici, neuf lĂ , -suivant les pays, pour faire un homme. C'est un tailleur et pas autre chose. Les chansonniers ne lui font mĂȘme pas l'honneur de l'admettre Ă prendre l'eau bĂ©nite dans e bĂ©nitier. Chacun pouvant ĂȘtre sa victime, chacun cherche Ă se venger de lui. Arrive-t-il quelque mauvaise histoire au pays ? C'est Ă lui qu'en revient la faute. On n' est pas loin de supposer qu'il cousine quelque peu avec l'Esprit malin. On voit, dit-on, chaque soir, le Loup garou rĂŽdant le long de tel chemin creux ; or c'est justement Ă l'heure oĂč le tailleur y passe. Avec le coucher du soleil aussi, on remarque les allĂ©es et venues d'un gros chat noir qui pĂ©nĂštre dans telle maison du bourg. Or cette maison, c'est celle du tailleur, et personne n'ignore que ce chat noir est le diable lui-mĂȘme qui, sous cette forme, lui apporte des trĂ©sors. La fermiĂšre d'un village, s'aperçoit que ses vaches, de plantureuses qu' elles Ă©taient, deviennent maigres et ne donnent plus de beurre. Le tailleur voisin au contraire, qui n' en a qu'une, a du beurre, plein sa baratte. Nul doute qu'il n' escamote le beurre de la fermiĂšre et qu'il n' ait jetĂ© un sort Ă ses bĂȘtes, aprĂšs avoir Ă©tĂ©, par le clair de lune, cueillir le trĂšfle Ă quatre feuilles dans le champ Ă trois cornes. En rĂ©sumĂ©, on croit le tailleur capable de tout et sa malignitĂ© naturelle semble devoir justifier l'opinion qu'on a de lui. A la boule, sur la place, aprĂšs vĂȘpres le dimanche, aux quilles le jour du Pardon, comme jadis Ă la Soule, lorsque ce noble jeu passionnait les campagnards, inutile de lui demander la loyautĂ©. Il a toujours mille petites ruses pour gagner la partie. C'est que, quoiqu'il pose pour le personnage fier, se plaisant aux franches lippĂ©es, ses gains ordinaires sont mĂ©diocres Quinze ou vingt sous par jour, plus la nourriture, lorsqu'il est dĂ©jĂ ouvrier accompli, cinq sous seulement parfois, lorsqu'il n'est qu'un apprenti. A ce compte, on conçoit qu'il recherche les petits profits. De lĂ vient Ă©galement que, dans certaines circonstances, il laisse volontiers de cĂŽtĂ© l' aiguille, pour prendre en main les outils du laboureur. A l'Ă©poque des moissons, une ardeur nouvelle s'allume dans son Ăąme. Contre son habitude, il est debout avec le premier chant du coq. En blouse de travail et la faucille Ă la main, vous le voyez se diriger vers le bourg, tandis que de toutes parts ouvriers agricoles et fermiers accourent aussi, ceux-ci dĂ©sireux de disposer de nombreux bras, afin d' abattre la rĂ©colte au plus vite, ceux-lĂ , attirĂ©s par la perspective de salaires d'autant plus Ă©levĂ©s que la besogne est plus dure. La rĂ©union se tient sur la place. LĂ se font les embauchages, au soleil levant. On trouve au tailleur les mains u trop blanches pour le genre de besogne qu'on lui demande, les jambes un peu trop cagneuses et trop tordues pour se courber sur le sillon, mais bah ! Le temps presse et les orages menacent ; on l'embauche avec les autres et le voilĂ au champ, pour la journĂ©e, un peu lent sans doute Ă l'ouvrage, mais allant nĂ©anmoins son petit train. Philosophiquement il laisse dire les plaisants ; puis quand, sur les neuf heures, les ouvriers vont allumer la pipĂ©e Ă l'ombre des chĂȘnes ; quand sur les quatre heures, la fermiĂšre apporte le goĂ»ter de lait aigre et de crĂȘpe fraĂźche, il reconquiert sa supĂ©rioritĂ© et savoure une bonne revanche ; sa terrible langue a vite achevĂ© d'accommoder au ridicule chacun de ses ennemis. Il est une autre circonstance oĂč il tĂ©moigne encore mieux de son savoir faire c'est au moment du DĂ©part pour la Mer. Cette expression toute locale dĂ©signe dans la vie de nos travailleurs campagnards, un Ă©vĂ©nement de grande importance. Chacun connaĂźt en effet la diffĂ©rence de tempĂ©rature qui rĂšgne dans la pĂ©ninsule, entre le L'ArgoĂ«t ou rĂ©gion de l'intĂ©rieur et L'Arvor ou rĂ©gion du littoral. Les tiges de blĂ© sont encore vertes dans le L'ArgoĂ«t, alors que, dans l'Arvor, les Ă©pis jaunis menacent de rĂ©pandre leurs grains sur le sillon. Il y a plus de quinze jours d'intervalle entre les Ă©poques de maturitĂ© de l'une Ă l'autre zone. Les ouvriers de l'intĂ©rieur en profitent. FormĂ©s en bandes de 15 Ă 20 individus, ils s'en vont, vers la Saint-Jean, voyageant jour et nuit, pĂ©nĂ©trant jusque dans les Ăźles du littoral. On y compte des hommes, des femmes, gais compagnons, marchant bon train, la chanson sur les lĂšvres. A leur tĂȘte se place naturellement le tailleur. Eux, ils ne savent guĂšre de quel cĂŽtĂ© ils se dirigent ; beaucoup n'ont jamais quittĂ© leur village ; lui au contraire n'ignore rien ; il dirige le chant et conduit sa bande par les chemins nouveaux, comme s'il y avait voyagĂ© sa vie entiĂšre. Ces quinze jours passĂ©s au loin sont quinze jours de vraie royautĂ©. Dans les discussions entre les siens et les gens du pays, on en rĂ©fĂšre Ă lui il est l' arbitre. Il est aussi l'avocat, chaque lois que ses compagnons ont besoin d'un coup de langue pour dĂ©fendre leurs intĂ©rĂȘts ; c'est sous ses auspices que se nouent les intrigues amoureuses qui amĂšneront des mariages, au commencement de l'hiver prochain. Tel est le Tailleur. Personnage important, s'il en fut, mais personnage discutĂ©. Nul n'est Ă l'abri de sa satire, nul ne le mĂ©nage, quand il n'y a pas de risque Ă l'attaquer. Contre tout le monde il est prĂȘt Ă bĂątir une chanson. Tout le monde se retourne contre lui et le chante Ă son tour, Ă la premiĂšre occasion. Personne ne se prive de lui appliquer l'arme de l'ironie qu'il s'entend si bien Ă utiliser contre le prochain. En somme il est l'acteur qui joue le rĂŽle comique dans le drame de la vie des champs. Ce rĂŽle, il s'en tire Ă merveille. Il comporte des inconvĂ©nients, il entraĂźne aussi des avantages en tout cas, jamais tailleur, de mĂ©moire de villageois, ne se plaignit de son sort. Sa puissance durera aussi longtemps que aiguille continuera d' aller.Textesde rĂ©fĂ©rences, Un peu d'histoire 16 juin 2017. Ces mĂ©tiers de maçon et tailleur de pierre comme bien dâautres, Ă©voluent pour sâajuster aux nouveaux enjeux des performances de fonctionnement de nos bĂątis. Ces transformations ne sont pas nouvelles. Il suffit de se replonger dans cet opus « Artisans français : Ă©tude historique.